Blé dur : des stades et des réserves hydriques très variables
Après des mois de janvier et février particulièrement secs, le retour des pluies vers le 11 mars s’est traduit par des cumuls très variables, provoquant localement des inondations. Dans ce contexte, où en sont les blés durs ?
Sur le littoral, dans la région de Nîmes et en Camargue, les blés durs sont au stade 2 nœuds pour les semis d’octobre, 1 nœud pour les semis de novembre et début tallage pour les semis de décembre.
Entre Narbonne et Béziers, les stades s’échelonnent de épi 1 cm à 1 nœud pour les semis de mi-novembre (semis majoritaires dans ce secteur).
Plus à l’intérieur des terres (Bollène, Orange, Barjac), les blés durs atteignent 1 nœud pour les semis d’octobre/début novembre.
Dans les Alpes de Haute-Provence, le stade épi 1 cm est atteint pour les semis d’octobre, alors que les semis de novembre sont à fin tallage.
Des cumuls de pluie très hétérogènes
Les mois de janvier et février ont été bien plus secs que la normale, avec un déficit de pluie de 100 mm par rapport à la moyenne sur 20 ans. La pluie a fait son retour sur la moitié Ouest de la région le week-end du 11 mars, mais de manière très hétérogène (figure 1) : 190 mm localement à Béziers, 60 mm à Nîmes, 10 à 20 mm sur la Camargue… puis plus rien une fois passé le Rhône, seulement 3 mm sur les Alpes de Haute-Provence et le Lubéron.
Dans le secteur de Béziers, les fortes pluies ont provoqué des inondations (photo).
Figure 1 : Cumul de précipitations du 12 au 14 mars 2022
Parcelles de blé dur à côté de Florensac (34) suite à l’inondation du 11 mars 2022.
Combien de temps un blé peut-il rester ennoyé sans dégât ?
Pour les parcelles ennoyées, les conséquences dépendent du stade des cultures. Sur la base d’observations faites chez des agriculteurs ayant été inondés dans le passé, on estime que des blés à début montaison peuvent tenir 4-5 jours sous l’eau sans perte importante. Au-delà, des dégâts sont à prévoir. Sur des blés moins avancés (2-3 feuilles) la tolérance est moindre : 2-3 jours peuvent suffire à les asphyxier.
Dans l’Hérault, les blés étaient pour la plupart entre le stade épi 1 cm et 1 nœud. L’eau a été évacuée au bout de 3 jours, à part les parcelles les plus basses en bordure du fleuve Hérault. Des dégâts sont à prévoir sur les semis les plus tardifs de décembre qui seraient restés sous l’eau toute la semaine dernière.
Des réserves hydriques bien entamées
Avant l’épisode de pluie du 11 mars, l’état des réserves hydriques était préoccupant :
- Pour des sols intermédiaires à profond (Camargue, Vallée du Rhône, Durance), la réserve facilement utilisable (RFU) a été épuisée mi-février.
- Pour des sols superficiels caillouteux (secteurs de Mauguio, Béziers, Narbonne, certaines terres de Costières, Lubéron et plateau de Valensole), la RFU était épuisée depuis mi-février, et la réserve utile étaient quasiment épuisée.
La pluie du 11 au 14 mars a permis en partie de recharger les réserves utiles, mais de manière hétérogène selon les secteurs. Le tableau 1 récapitule, pour trois types de sols et selon un découpage de la région par secteur géographique, l’état des réserves hydriques à ce jour.
Tableau 1 : Date d’épuisement de la RFU simulée avec l’outil CHN, pour la variété Anvergur Semée le 30 octobre, (ou le 26 novembre sur le secteur Est-Audois et Ouest Hérault)
La météo annonce un nouvel épisode de pluie pour le 29 mars. Si cet épisode se limite à de faibles quantités, une irrigation doit être envisagée sur les parcelles équipées dans les secteurs les plus impactés par la sécheresse.
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