MIRAGE
Mise au point d’un système de vision et d’analyse de l’activité des arthropodes prédateurs en vue de quantifier leur rôle dans la régulation naturelle des insectes ravageurs des cultures
Enjeux
Malgré les efforts des filières, l’utilisation des produits phytosanitaires pour la protection des cultures reste importante et les leviers de diminution des Indices de Fréquence de Traitement (IFT) dans de nombreuses cultures sont souvent limités. Pourtant la régulation naturelle est un service écosystémique qui constitue un levier important et encore mal exploité pour réduire l’usage des produits phytosanitaires. L’absence d’indicateurs simples ou d’outils de diagnostic du potentiel de régulation est une des raisons qui freine l’adoption de ce levier. Par ailleurs, la mesure de la régulation des ravageurs se heurte à des difficultés méthodologiques et matérielles d’observation et de quantification des actes de prédation associés à la régulation. Bon nombre de prédateurs restent inconnus et l’intensité de leur action est mal caractérisée dans tous les types de cultures (grandes cultures, arboriculture, vigne…). La plupart des ravageurs sont des insectes de petites tailles difficiles à voir et dont l’activité est discrète, autant diurne que nocturne. De plus, mieux comprendre les processus de régulation nécessite de déployer des mesures sur de nombreuses répétitions, à différentes échelles.
Les systèmes de proies sentinelles, disposées sur carte de prédation, pourraient permettre de développer des indicateurs intéressants. Mais la difficulté d’interpréter les informations recueillies, faute notamment de pouvoir identifier les organismes responsables de la disparition des proies, freine aujourd’hui leur utilisation. Un outil d’enregistrement des actes de prédation associé à ces cartes permettrait une meilleure appréciation de leur potentiel à évaluer le service de régulation en faisant un lien plus facile entre la disparition de proies et les organismes qui en sont responsables. Cela pourrait motiver un déploiement à plus grande échelle de ces systèmes, et à plus long terme, la finalité serait d’aboutir à un outil d’aide à la décision permettant de mobiliser davantage les régulations biologiques dans la gestion des cultures.
Objectifs
Le projet vise à mettre au point un outil d’enregistrement de l’activité des ennemis naturels au voisinage immédiat des ravageurs des cultures afin de mettre en évidence des (nouvelles) relations trophiques et quantifier les actes de prédation. Le système prévu combinera une caméra haute définition et un logiciel d’analyse d’images permettant de générer une base de données de variables propices à évaluer la composante « prédation » de la régulation naturelle et à terme d’identifier les morphotypes d’auxiliaires. La performance de cet ensemble (caméra et logiciel) sera testée sur différents couples proies/prédateurs dans des expérimentations sur la régulation naturelle des ravageurs invertébrés. Le projet prévoit également d’évaluer son potentiel dans le pilotage sanitaire des cultures, la pédagogie et la caractérisation de la biodiversité fonctionnelle. Les bioagresseurs
visés sont des insectes ravageurs de petite taille (pucerons, tordeuses, cicadelles, cochenilles..),
vivants, et à différents stades, ou sous forme de proies sentinelles fixées sur des supports (oeufs, chrysalides, chenilles, pucerons…).
Résultats attendus
Les deux principaux livrables du projet sont une caméra et un logiciel d’analyse d’images associé à celle-ci. Les travaux dans l’action 3 et 4 permettront de livrer également un guide utilisateur qui servira à préciser les meilleures conditions pour les déployer. Cet ensemble sera disponible auprès de tous les acteurs de la recherche expérimentation et commercialisé. Selon les résultats obtenus dans l’action 2 notamment la capacité du logiciel à bien classer des auxiliaires, le système mis au point pourra être utilisé par tous les enseignants, formateurs, techniciens intervenant dans la sensibilisation des agriculteurs à la reconnaissance et au rôle de la biodiversité, que ce soit dans les observatoires (Observatoire Agricole de la Biodiversité) ou dans différents réseaux. A plus long terme, l’outil pourra venir instrumenter des Outils d’Aide à la Décision ou des règles de décision intégrant le potentiel de régulation naturelle, spécifiquement développés par les filières sur des ravageurs les plus problématiques.
Rôle d'ARVALIS dans le projet
- Participation à l’élaboration du cahier des charges de l’outil pour étudier le contrôle biologique,
- Participation à la production des premières banques de photos labellisées, à la définition des variables du logiciel, des taxons pertinents et des critères de classification des morphotypes,
- Participation à l’identification des prédateurs, à la mesure de la prédation et au test des prototypes,
- Intégration de l’outil dans des expérimentations