Viroses : quel impact des mosaïques sur orge d'hiver ?
Les mosaïques sont des virus transmis par un micro-organisme du sol, Polymyxa graminis, inféodé à la parcelle, qui contamine les racines de l’orge à l’automne. Les symptômes de cette virose s’expriment ensuite seulement pendant l’hiver de mi-janvier à mi-mars. Il n’existe aucun moyen de lutte directe contre les virus et leur vecteur. Rappels des symptômes caractéristiques et de la nuisibilité de cette virose.
Il existe deux types de mosaïques de l’orge.
- Le virus de la mosaïque modérée de l’orge (BaMMV), qui est apparu dans les années 1980-90. Il est peu présent car les variétés d’aujourd’hui lui sont résistantes.
- Le virus de la mosaïque jaune de l’orge (BaYMV, pour Barley Yellow Mosaic Virus). Il compte aujourd’hui deux pathotypes (BaYMV-1 et BaYMV-2, aussi appelés Y1 et Y2). Le pathotype Y1 a été détecté en France en 1974 à Reims. Dans les années 1980, les premières variétés résistantes à ce pathotype sont inscrites. En 2000, toutes les variétés sont résistantes et Le pathotype Y1 régresse. Les premières alertes sur le pathotype 2 démarrent au début des années 1990 et c'est le pathotype aujourd'hui le plus répandu sur la majorité des variétés cultivées.
Les variétés présentes sur le marché peuvent être résistantes ou sensibles à l’un ou l’autre des virus ou de leurs pathotypes. Par exemple, Etincel est résistante à BaMMV et à BaYMV-1 mais pas à BaYMV-2. Depuis quelques années, l'évaluation des variétés d'orges d'hiver à l'inscription porte uniquement sur leur résistance au pathotype Y2.
Quels symptômes ?
Les symptômes sont visibles de loin. Une parcelle infectée est parsemée de taches, du vert au jaune, qui s’étirent dans le sens du travail du sol (photo 1).
Photo 1
De plus près, les symptômes sont visibles sur les jeunes feuilles, avec une marbrure plus claire du limbe. On parle de tirets chlorotiques, répartis irrégulièrement et parallèles aux nervures des feuilles (photo 2).
Photo 2
Sur les feuilles plus anciennes, les taches se décolorent de plus en plus, ce qui donne cet aspect jaune au loin, à ne pas confondre avec une carence en azote. Un nanisme de la culture peut aussi être observé ainsi qu’un système racinaire réduit en cas d’attaque sévère. La confirmation du diagnostic se fait par analyse virologique au laboratoire.
Ces symptômes s’estompent généralement au tout début de la montaison à la faveur du réchauffement durable des températures. Malheureusement, cette évolution n’est pas prédictible et dépend des conditions et stress rencontrés en fin de cycle.
Les mosaïques sont favorisées par un enchaînement climatique spécifique :
- un automne doux permettant au champignon vecteur de coloniser le système racinaire et de s’y multiplier. Plus cette période propice aux multiplications est longue, plus la charge virale sera importante.
- puis une alternance de douceur et de froid pendant l’hiver.
Quelle nuisibilité et moyens de lutte ?
La nuisibilité de la mosaïque sur orge d’hiver est très variable et ne peut être mesurée qu’en écart entre une zone virosée et une zone saine. A l’occasion d’une étude approfondie réalisée en 2014 et 2015, cet écart était en moyenne de 12 q/ha, avec une variabilité allant de 0 à 30 q/ha (figure 1). Cette moyenne caractérise le pathotype Y2 de ce virus, le plus répandu aujourd’hui sur la majorité des variétés cultivées.
Figure 1 : Pertes de rendement (en q/ha) entre des zones saines et des zones contaminées par la mosaïque de l'orge (Résultats du CASDAR MOSA-HORDEUM 2013-2016)
Un bâton représente l'écart de rendement entre deux zones d'une même parcelle. Attention, les données de 2016 sont nettement impactées par les conditions calamiteuses survenues en fin de cycle cette année-là.
La diffusion du virus se fait via son vecteur, le champignon du sol, par les outils de travail du sol, et par l’utilisation de variétés sensibles qui permettent sa multiplication. Pour éviter la propagation aux autres parcelles de l’exploitation, il est important de bien nettoyer les outils de travail du sol lorsque l’on passe d’une parcelle infestée à une parcelle saine. Finalement, le seul vrai moyen de lutte est donc d’implanter des variétés résistantes à la mosaïque de type Y2. Mais elles sont encore peu nombreuses : LG Zenika, KWS Oxygene, Mascott, Sensation en 6 rangs fourragères, et Amandine, Valérie et Majuscule en 2 rangs fourragères. Il n'existe à ce jour aucune variété d'orge d'hiver brassicole résistante à la mosaïque.
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