Lin fibre de printemps - Se prémunir contre les maladies de la levée jusqu'au rouissage
Comme beaucoup d’espèces, le lin est sujet aux attaques de champignons pathogènes qui peuvent provoquer une fonte des semis ou le dessèchement des plantes, entrainant ainsi des pertes de rendement en paille, en fibres et/ou en graines, et une dépréciation des qualités des produits récoltés.
Les maladies du lin sont souvent liées à un état dépressif des plantes. Les bonnes pratiques culturales (respect d’un intervalle d’au moins 6 ans entre deux lins, nettoyage des matériels, variétés tolérantes) représentent les moyens les plus efficaces de s'en prémunir.
Pour limiter leur impact, il est important de connaitre leurs symptômes et les conditions de leur expression.
• Les maladies responsables de la fonte des semis
- la moisissure grise (Botrytis cinerea)
- l'anthracnose (Colletotrichum lini)
- la moisissure verte (Alternaria linicola)
- la fusariose (Fusarium sp)
• Les maladies observables en végétation
• Les périodes de surveillance
• Les moyens de lutte
Les maladies responsables de la fonte des semis
Observés dès l’émergence, les symptômes de fonte des semis sont soudains lorsqu’ils apparaissent. Une humidité relative très élevée (présence d'eau libre : pluie, orage, rosée, brouillard, condensation) et des températures supérieures à 10 °C ─ l’optimum se situant à 15-20 °C ─ sont les facteurs favorables à leur expression.
Les plantules se dessèchent et deviennent filiformes. Les tigelles semblent avoir été pincées à la base et se couchent sur le côté. La fonte des semis est causée par plusieurs espèces de champignons présents sur les semences et/ou dans la terre, particulièrement sur des débris végétaux. Ce phénomène est rare aujourd’hui car :
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les semences sont protégées et présentent une vigueur germinative élevée qui diminue les risques d’attaques,
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les techniques d’implantation de la culture permettent une levée rapide et homogène.
Moisissure grise (Botrytis cinerea)
Des plantes se dessèchent par foyers, du stade cotylédons jusqu’à 5-6 cm. Les plantules prennent une couleur brune et se couvrent de filaments grisâtres portant des pilosités.
Anthracnose (Colletotrichum lini)
Des taches fauves à rougeâtres envahissent les cotylédons, du bord vers l’intérieur des limbes. Les symptômes se propagent aux tigelles qui développent des nécroses brunes pouvant conduire à leur disparition. Si l’attaque est intense, les jeunes plantules sont détruites avant même de sortir du sol.
Moisissure verte (Alternaria linicola)
De nombreuses petites ponctuations rougeâtres apparaissent sur les cotylédons, évoluant en larges taches brunes qui se couvrent d’un feutrage vert foncé constitué par les fructifications du champignon. Les plantes se dessèchent en suivant les lignes de semis.
Fusariose (Fusarium sp)
La maladie survient lors de l'émergence. La germination a lieu mais les germes se nécrosent et s'enroulent, empêchant les premières feuilles de sortir du sol. Les dégâts se traduisent par des manques à la levée.
• Utiliser des semences certifiées ;
• Enfouir les débris végétaux pour réduire le potentiel infectieux.
Les maladies observables en végétation
Celles qui affectent le lin fibre aux différents stades de son développement sont toutes dues à des champignons pathogènes, certains présents dans le sol (telluriques), d’autres se propageant par voie aérienne.
Les maladies du lin s’expriment dès les premiers stades de croissance des plantes jusqu’au rouissage. Leur développement est pour l’essentiel dû à des stress.
Plus de détails sur les maladies observables en végétation : brûlure, mort-lin, septoriose, courbure de la tige et la brunissure, moisissure blanche, fusariose vasculaire, moisissure grise, verticilliose, rouille, sclérotiniose.
Les périodes de surveillance
Les moyens de lutte
Associées à l’utilisation de semences certifiées et au choix variétal, les mesures agronomiques simples, relevant du bon sens, contribuent à réduire les risques d’expression de la plupart des maladies du lin.
La lutte chimique, quand elle est nécessaire, repose sur l’évaluation des risques (climat, rotation, sol, conduite, etc) et sur l’observation attentive des parcelles. Elle s’inscrit dans une démarche de protection intégrée alliant les règles d’usage des produits homologués (phrases de risques, doses, stades, conditions météorologiques, etc.) et la maîtrise des coûts de production.
Plusieurs moyens de lutte contre les maladies sont homologués sur lin fibre. Ils sont mentionnées dans le tableau ci-après et dans le dépliant ARVALIS - Institut du végétal 2013 « Variétés et protection ».
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Contre la courbure de la tige qui peut évoluer en brunissure (Kabatiella lini)
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SCORE à 0,5 L/ha aux premiers symptômes et jusqu’ au début de la floraison.
Contre la moisissure blanche (Oïdium lini)
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CAPITAN S, PUNCH ONE à 0,5 L/ha dès l’observation de premières étoiles puis JOAO à 0,3 L/ha si les symptômes persistent ;
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JOAO à 0,5 – 0,6 L/ha dès l’observation de premières étoiles, en cas d’attaque précoce.
Si le risque d’expression de l’Oïdium est important (stress lié à la structure du sol, associé à un semis tardif > 15 avril) l’application de FORTRESS à 0,15 L/ha dès le stade 30-40 cm (préventivement) peut s’avérer utile et peut être complétée à l’observation de premières étoiles par CAPITAN S / PUNCH ONE à 0,5 L/ha ou JOAO à 0,35 L/ha.
Remarques
HORIZON EW à 0,8 – 1,0 L/ha représente une alternative, mais son effet régulateur le réserve aux producteurs de semences.
Certains fongicides peuvent modifier la croissance du lin par un effet régulateur ; les effets peuvent être :
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marqués avec JOAO, HORIZON EW ;
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légers avec CAPITAN S / PUNCH ONE ;
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quasiment invisibles avec FORTRESS, SCORE.
Contre la septoriose (Septoria linicola)
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SCORE, CAPITAN S et PUNCH ONE à 0,5 L/ha montrent une bonne efficacité.
Contre le mort-lin (Phoma exigua linicola)
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pour les producteurs de semences, PICTOR PRO à 0,5 kg/ha dès 10 cm, jusqu’au début de la floraison ;
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hors production de semences, SCORE à 0,5 L/ha aux premiers symptômes se révèle efficace.
L’utilisation tardive de fongicides n’est pas sans conséquence sur le rouissage dont le bon déroulement dépend de l’activité de champignons.
Cette réalité renforce l’intérêt d’une démarche gestionnaire, économe en intrants.
► suivre les avertissements qui alertent sur le niveau de risque de l’année et permettent de positionner au mieux les traitements ;
► observer régulièrement sa parcelle pour détecter l’apparition des maladies de manière précoce et pouvoir intervenir à temps;
► consulter la documentation ARVALIS - Institut du végétal pour connaitre les efficacités des produits et les conduites à tenir.
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