JNO sur céréales à paille : de nombreux retours témoignent de dégâts importants aux quatre coins de l’Hexagone
Vous avez été nombreux à répondre à l'enquête en ligne lancée en mai par ARVALIS pour évaluer l'ampleur des dégâts de JNO en 2016. En voici les premiers enseignements.
Une très forte mobilisation de la part des agriculteurs
Environ 4 000 agriculteurs ont répondu en un mois, permettant de recueillir près de 2 800 réponses complètes (avec des commentaires détaillés dans près de 700 cas). Une grande majorité concerne le blé tendre avec 2 100 réponses. Cela témoigne d’une forte préoccupation des agriculteurs pour cette espèce pourtant réputée moins sensible à la JNO que l’orge, qui a recueilli « seulement » 450 réponses. Rappelons que l’orge – plus exposée aux risques – est aussi plus fréquemment protégée contre les pucerons vecteurs de viroses. Enfin, près de 200 parcelles de blé dur ont été renseignées. Proportionnellement aux surfaces cultivées, le nombre de réponses concernant le blé dur est légèrement supérieur aux autres céréales. Sans doute parce que cette espèce a été plus exposée aux risques de JNO que d’ordinaire.
Des dégâts sur orge, mais pas seulement
95 % des agriculteurs qui ont répondu à l’enquête déclarent avoir observé des symptômes de JNO dans leurs parcelles. Toutes espèces confondues, les symptômes concernent plus de 10 % de la surface dans une parcelle sur deux. Dans un cas sur dix, les dégâts sont observés sur plus de la moitié de la parcelle.
Sur orge, les symptômes sont globalement plus intenses : près de la moitié des parcelles présentent des foyers de plantes naines et environ 15 % des parcelles ont des plantes ayant disparu à cause de la JNO.
En blé tendre, près de trois quarts des parcelles présentent des symptômes caractéristiques de moutonnement ou de foyers de plantes naines. Les symptômes plus prononcés de JNO sont légèrement plus fréquents sur blé dur que sur blé tendre.
Tous les bassins de production sont concernés par la JNO
Le nombre de réponses peut être un premier critère permettant d’évaluer l’ampleur d’un problème dans une région donnée.
Pour le blé tendre, le nombre de parcelles renseignées pour chacune des régions est globalement proportionnel aux surfaces cultivées à l’exception de la région Centre dont cette culture est surreprésentée dans cette enquête.
Concernant l’orge, le nombre de réponses est proportionnellement élevé en Bretagne, et d’une façon générale dans les régions situées sur la façade ouest (Poitou-Charentes, Basse Normandie, Pays de la Loire) par rapport aux surfaces cultivées. A l’opposé, les régions Lorraine et Bourgogne ont fait l’objet d’un plus faible taux de réponses.
Pour le blé dur, la région Centre s’est également largement mobilisée en répondant très fortement à l’enquête. Les régions PACA et Languedoc-Roussillon ont recueilli un faible effectif de réponses.
L’analyse des réponses apportées (cf. cartes) confirme qu’il y a relativement peu de différence entre les régions pour les trois espèces de céréales : des problèmes sont relevés partout ! Les dégâts sont cependant encore plus intenses dans un grand quart Nord-Ouest, en Champagne-Ardenne et dans le nord de la Bourgogne. Seules les régions situées dans l’Est comme l’Alsace et le Rhône-Alpes se caractérisent par de moindres signalements de dégâts de JNO (en surface et en fréquence de symptômes graves).
Pour l’orge, le gradient Ouest-Est est mieux respecté avec des symptômes qui concernent une plus grande proportion de la parcelle dans les régions de l’ouest. En revanche, l’intensité des symptômes est sensiblement équivalente pour l’ensemble des régions, avec entre 50 % et 75 % des parcelles présentant des foyers avec plantes naines ou disparues.
Carte 1 : Blé tendre : toutes les régions sont concernées et présentent une répartition équilibrée entre des symptômes moyens (moutonnement) à importants (plantes naines)
Carte 2 : Une fréquence de symptômes de JNO graves (nanisme ou disparition de plantes) plus importante sur orge
Près d’un quart des surfaces concernées par la JNO selon les techniciens
Les techniciens ont également été nombreux à participer à l’enquête ce qui a permis de recueillir 730 réponses qui couvrent près de 2 millions d’hectare de blé tendre, 400 000 hectares d’orge et 50 000 hectares de blé dur. Leurs réponses témoignent de la présence de symptômes de JNO sur près de 20 à 24 % des surfaces selon la céréale concernée.
Pour 15 % des techniciens, cette virose occasionne des dégâts visibles sur plus de la moitié de la superficie des céréales à paille de leur zone de collecte.
Les réponses apportées par les techniciens confirment que la pression de JNO est élevée dans l’Ouest jusqu’à l’Ile-de-France. Les régions Hauts-de-France et Rhône-Alpes seraient proportionnellement moins impactées sur le critère des surfaces concernées. En revanche, des symptômes intenses peuvent être observés fréquemment dans beaucoup de régions même si ceux-ci ne concernent pas systématiquement une grande proportion de la zone de production.
Les semis tardifs n’ont pas été épargnés cette année
Les premières tendances ne démontrent pas un effet très marqué et généralisé de la date de semis dans l’intensité des dégâts de JNO. Ceci est à relier au contexte particulier de l’automne 2015 au cours duquel l’absence de froid a permis aux pucerons de rester longtemps dans les parcelles jusqu’à très tard en saison. Par conséquent, toutes les parcelles, y compris celles semées tardivement ont été potentiellement exposées au risque de présence de pucerons.
L’analyse des nombreuses données nécessite d’être poursuivie. Mais pour cela, il est impératif d’étudier la représentativité des réponses recueillies par rapport aux pratiques mises en œuvre au cours de la campagne par les agriculteurs. A suivre…
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