Sortie d’hiver : évaluer les besoins en soufre des céréales à paille
Comme l’azote, le soufre est sensible à la lixiviation dans les sols. Après les forts cumuls de pluies du début de cette campagne, il est nécessaire d’estimer dès maintenant les risques de carence pour ses parcelles. Et décider d’un apport d’engrais ou non.
Le soufre : un élément important ?
Le soufre est un des éléments nutritifs essentiels à la croissance des céréales à paille. Il intervient dans la synthèse de la chlorophylle et des protéines. Les céréales absorbent entre 50 à 70 kg SO3/ha. La cinétique d’absorption du soufre au cours du cycle de développement du blé est analogue à celle de l’azote, l’essentiel de l’absorption ayant lieu pendant la montaison. La perte de rendement due à une carence en soufre peut être de 2 à 10 q/ha dans le cas d’une déficience modérée mais peut aller jusqu’à 20-30 q/ha dans les cas les plus graves, via la baisse du nombre d’épis et parfois leur fertilité.
A partir du stade épi 1 cm, les céréales à paille peuvent exprimer des carences en soufre : foyers ou bandes « jaunes ». Contrairement à une carence en azote, ce sont les jeunes feuilles qui jaunissent.
Afin d’anticiper le risque de carence le plus précoce, la meilleure période d’apport se situe entre fin tallage et tout début montaison. Après ce stade et en cas de carence sévère, le rattrapage ne sera pas complet (70 % des besoins en soufre sont déjà absorbés au stade 2 nœud).
En cas d’impasse du premier apport azoté (sous forme azote soufré), il sera toujours possible d’apporter du soufre jusqu’à début montaison sans prise de risque.
Un risque très lié au type de sol et aux pluies hivernales
La quantité de soufre minéral (essentiellement sous forme sulfate, S042-) présent dans le sol est fonction du bilan entre la lixiviation (baisse) et la minéralisation du stock de soufre présent sous forme organique dans le sol (hausse). Dans le contexte de cette année, la lixiviation devrait être importante (cf cumuls de pluie) mais pourrait être en partie compensée par une minéralisation favorisée par des cumuls de températures au-dessus de la moyenne depuis octobre 2023. Le risque est donc accru dans les sols sensibles au lessivage et à faible minéralisation (argilo-calcaires superficiels, sols sableux et sols limoneux pauvres en matières organiques).
Les retombées atmosphériques de soufre étant plus faibles depuis les années 2010 (60 kg/ha en 1980 pour 3,3 kg/ha en 2014), le risque devient plus élevé et systématise le questionnement.
Depuis 2021, la grille de préconisations ARVALIS fait le point des situations à risque en fonction (tableau 1) :
- des types de sol ;
- des niveaux de pluviométrie atteints (carte 1) ;
- des potentiels de rendement ;
- des apports réguliers de produits organiques (fumiers, composts…).
Tableau 1 : Apport conseillé en soufre sur céréales à paille - ARVALIS 2021
Carte 1 : Cumuls de pluie (mm) sur les régions Centre-Île de France-Auvergne du 1er octobre 2023 au 1er mars 2024 (Prévisions + Fréquentielles du 03/02 au 01/03) – zonage réalisé en fonction des seuils (250/300/400 mm) de la grille d’évaluation du risque de carence en soufre
Des formes soufrées d’efficacité équivalente
Les engrais soufrés disponibles sur le marché contiennent le plus souvent du soufre sous forme sulfate, associé à un ou plusieurs autres éléments tels que l’azote, le phosphore, le potassium ou le magnésium. On trouve également du soufre élémentaire micronisé et la forme thiosulfate.
La forme d’engrais n’influence pas l’efficacité de l’apport. Elle doit être choisie en fonction du coût et de l’équilibre avec les autres éléments apportés lorsqu’on choisit un engrais composé.
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