Septoriose du blé : le T1 va dépendre de la sensibilité variétale et des symptômes de rouilles
Les conditions hivernales chaudes et humides ont été favorables au développement des maladies foliaires sur blé tendre, notamment la septoriose déjà observée en plaine. Les premières parcelles ont atteint le stade 2
Contamination par la septoriose : comment ça marche ?
La pression septoriose évolue en deux temps :
- Avec, d’abord, un inoculum plus ou moins fort en sortie hiver lié aux pluies et températures. Il est élevé cette année (mais cet inoculum est très généralement non limitant en Hauts-de-France).
- Ensuite, les pluies du printemps vont faire monter les contaminations de septoriose de feuille en feuille au fur et à mesure de leur sortie. Une feuille qui n’est pas encore sortie ne peut pas être contaminée. Par contre, les pluies importantes à partir de dernière feuille étalée vont contaminer toutes les feuilles.
L’objectif de la protection est de conserver les trois dernières feuilles saines le plus longtemps possible pour assurer un bon remplissage des grains.
Ayant compris cela, le traitement essentiel se positionne à dernière feuille étalée, lorsque l’ensemble des feuilles est sorti. Il préserve la majorité de la nuisibilité et est le plus rentable.
Tableau 1 : Retour sur investissement pour chaque traitement (synthèse 15 essais ARVALIS sur variétés sensibles à la septoriose 2013-2015-2016)
Même sur variété sensible, un T1 est valorisé moins d’une année sur 2.
Quel est le niveau de pression actuellement ?
Ce n’est pas une surprise, les cumuls de températures et de pluies sont largement en excès cette année depuis le semis, mais aussi depuis le début de la montaison (comme pour la montaison 2023). Donc l’inoculum septoriose de l’année est élevé, avec observation des symptômes dans les parcelles.
Enseignements de la dernière campagne : les essais réalisés en 2023 sur variétés peu sensibles dans la région ont montré que le T1 n’était pas valorisé : pression gérable avec les produits de T2 robustes actuels ou fin de cycle chaude et sèche ayant nivelé les écarts.
Ensuite, le risque septoriose est principalement conditionné par la sensibilité variétale et par la date de semis.
Ainsi, les semis tardifs (significatifs cette année), sont entre les stades épi 1 cm et 1 nœud et subiront logiquement une pression plus faible. De toute façon, il est encore trop tôt pour intervenir.
Pour les semis d’octobre, si le stade 2 nœuds n’est pas atteint, il n’est pas nécessaire d’intervenir tout de suite. Un T1 réalisé trop précocement, c’est prendre le risque d’un délai trop important entre la première intervention fongicide et la sortie de la dernière feuille ; et donc prendre le risque d’un relais trop tardif ou d’un mauvais positionnement du T2 qui peut, dans les deux cas, faire perdre significativement des quintaux.
Pour les parcelles ayant dépassé le stade 2 nœuds, le modèle épidémiologique septoriose indique à ce jour un risque faible pour les variétés peu sensibles (notés 6,5 et +) même si la septoriose est observée dans le bas de végétation !
Pour les variétés très sensibles (notés 5), le risque est élevé sur les semis précoces (première quinzaine d’octobre), moyen sur les semis intermédiaires de fin octobre ou pour les variétés moyennement sensibles (5,5 et 6) et reste faible pour les semis tardifs (après le 15 novembre).
Figure 1 : Niveau de risque septoriose selon la situation de la parcelle
Attention, tous les ans les variétés peu sensibles peuvent présenter des symptômes de septoriose à 2 nœuds. La différence visuelle sur la résistance septoriose se fait après, sur les dernières feuilles ! KWS Extase et Chevignon tiennent bien au final en écart traité/non traité, même si une petite dérive visuelle peut être identifiée début montaison. La situation est un peu différente pour Célébrity : nos essais ont montré une petite érosion de sa tolérance vis-à-vis de la septoriose. Dans ce cas, un T1 à DFP peut être pertinent.
Doit-on intervenir ?
Le choix du T1 va dépendre de la sensibilité variétale :
- Pour les variétés sensibles à la septoriose = suivre les outils d’aide à la décision, premières tendances à des déclenchements entre 2 nœuds et dernière feuille pointante et UNIQUEMENT pour ces situations.
Il est possible de faire soit un passage de triazole (tébuconazole, metconazole), associé soit à folpel, soit éventuellement à du biocontrôle (soufre ou phosphonate de potassium), ou bien un T1 intégralement à base de biocontrôle (soufre + phosphonates de potassium).
- Pour les variétés peu sensibles à la septoriose = la règle reste l’impasse si absence de rouille (cf ci-dessous). Si l’idée est de faire un T1 qui coûtera 20 € et d’alléger le T2, la stratégie est mauvaise. Pour se rassurer, augmenter éventuellement la dose du T2.
Les programmes fongicides sont disponibles dans le guide régional Choisir & Décider – intervention de printemps.
Et si je constate également de la rouille (jaune ou brune) ?
Avec la chaleur des derniers jours, le risque rouilles peut être élevé sur les variétés sensibles. Si des symptômes sont observés à partir de 2 nœuds, un T1 doit être effectué et l’impasse n’est pas possible.
• Sur variétés sensibles et moyennement sensibles (note ≤ 6) : un premier traitement entre 2 nœuds et dernière feuille pointante peut être pertinent.
• Sur variétés peu sensibles (note ≥ 6,5 comme Chevignon, KWS Extase, Junior…) : l’impasse T1 reste recommandée, y compris en année à forte pression comme cette année, à condition de bien positionner le T2 à dernière feuille étalée (DFE) et en l’absence de rouilles.
• Dans tous les cas, ne pas baisser la dose au T2 (même si un T1 a été réalisé), et viser le stade DFE : c’est le traitement le plus rentable contre la septoriose.
Réagissez !
Merci de vous connecter pour commenter cet article.