Septoriose du blé : comment raisonner le premier traitement ?
En majorité, les parcelles de blé tendre se situent actuellement entre le stade 2
Dans le contexte actuel, sur variétés sensibles et moyennement sensibles, un premier traitement entre 2 nœuds et la sortie de la dernière feuille peut être pertinent.
En revanche, sur variétés peu sensibles, telles que LG Absalon, Chevignon, KWS Extase, Junior, l’impasse d’un T1 reste recommandée cette année, à condition de bien positionner le T2 au stade dernière feuille étalée (DFE), avec un SDHI et en l’absence de rouille jaune.
Dans tous les cas, ne pas baisser la dose au T2 (même si un T1 a été réalisé), et viser le stade DFE : c’est le traitement le plus rentable contre la septoriose.
La septoriose : comment ça fonctionne ?
Une période de pluies continues au printemps fait monter la septoriose de feuille en feuille. L’objectif de la protection est de conserver les trois dernières feuilles saines le plus longtemps possible pour assurer un bon remplissage des grains.
A l’inverse, deux à trois semaines sans pluie engendrent des sorties de feuilles saines et cantonnent la maladie en bas de plantes (pression limitée). Les sorties de symptômes interviennent, selon les températures, entre dix et vingt jours après les contaminations. Les interventions fongicides se font principalement de manière préventive.
Ayant compris cela, le traitement essentiel se positionne à dernière feuille étalée, lorsque l’ensemble des feuilles est sorti. Il préserve la majorité de la nuisibilité et est le plus rentable.
Les pluies durant cette campagne sont largement en excès, ce n’est pas un scoop... A titre d’exemple, les cumuls de pluies depuis le début montaison (au 1er mars pour simplifier) sont environ de 135 mm pour Dijon et Auxerre, alors que la médiane des vingt dernières années sur cette période est de 78 mm.
Quel est le niveau de pression actuellement ?
Avec l’hiver et le début du printemps particulièrement doux enregistrés sur la région Bourgogne-Franche-Comté, les stades sont en avance voire en record de précocité comme en 2007 ou en 2020, en moyenne de dix à quinze jours par rapport à la médiane des vingt dernières années.
Les semis tardifs sont autour du stade 1 à 2 nœuds : relativement à leurs historiques, ils sont plus en avance que les semis précoces. En effet, ils ont bénéficié de la douceur hivernale pour rattraper une partie de leur retard. Les semis d’octobre sont entre les stades 2 nœuds à dernière feuille pointante pour les situations les plus précoces, avec des symptômes pouvant atteindre la F4 définitive.
Le modèle septoriose ARVALIS (tableau 1) déclenche sur variétés sensibles et moyennement sensibles entre 2 nœuds et dernière feuille pointante pour les semis précoces sur toute la région, et uniquement à Sens et Auxerre pour les semis tardifs. Sur variétés peu sensibles, le modèle ne déclenche pas encore de traitement, sauf en situation précoce à Macon et à Sens où le modèle déclenche une première alerte (observation requise).
Tableau 1 : Modèle Septo-LIS® pour l’analyse de risque septoriose au 11/04/2024, avec prévisions météo jusqu’au 18/04/2024. Variété sensible septoriose = KWS Ultim, variété tolérante septoriose = LG Absalon pour 2 dates de semis sur différentes stations météo de Bourgogne-Franche-Comté
Attention, tous les ans, les variétés peu sensibles (note septoriose >= 6,5), peuvent présenter des symptômes à 2 nœuds (F4 et inférieures) car la résistance variétale s'établit à partir de la troisième feuille définitive ! LG Absalon, KWS Extase et Chevignon tiennent bien au final en écart traité/non traité, même si une petite dérive visuelle peut être identifiée début montaison.
Au final : que faut-il retenir ?
Le choix du T1 va dépendre de la sensibilité variétale :
- pour les variétés sensibles à la septoriose = suivre les outils d’aides à la décision, premières tendances vers des déclenchements entre 2 nœuds et dernière feuille pointante. Il est possible de faire soit un passage de triazole (tébuconazole, metconazole), associé éventuellement à du biocontrôle (soufre ou phosphonate de potassium), ou bien un T1 intégralement à base de biocontrôle (soufre + phosphonates de potassium).
Attention, un T1 à base de soufre sera lessivable en cas de pluies et les compteurs sont donc remis à zéro. - pour les variétés peu sensibles à la septoriose = la règle reste l’impasse. Si l’idée est de faire un T1 qui coûtera 20 € et d’alléger le T2, la stratégie est mauvaise. Pour se rassurer, augmenter éventuellement la dose du T2. La rouille jaune pourrait faire déclencher des T1 dans les prochaines semaines, à surveiller…
Figure 1 : Règles de déclenchement d’un T1
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