Semis de lin fibre : surveiller les altises
Dès les semis et jusqu’au stade 4-5

Un peu de biologie
Les altises du lin désignent deux espèces de coléoptères : la grande altise (Aphtona euphorbiae) et la petite altise (Longitarsus parvulus). Leur période d’émergence coïncide avec celle du semis du lin et donc, aux stades de sensibilité de la culture.
Si les attaques sont précoces, les altises peuvent s’insinuer dans les failles du sol et endommager les germes (pertes de pieds). Après la levée, les attaques d’altises se traduisent par des morsures en forme « d’impact de balle » sur les cotylédons et les feuilles. Une atteinte des bourgeons terminaux peut entraîner une ramification (activation des bourgeons axillaires) des lins.
Anticiper
La préparation du sol et la date de semis influencent le risque altises, il est alors recommandé :
- D’assurer une levée rapide des lins pour réduire la période de sensibilité vis-à-vis des altises. A privilégier : décalage de la date de semis et implantation sur sol réessuyé et réchauffé.
- De limiter la présence de résidus et de mottes dans la parcelle.
Surveiller les parcelles
Estimer l’abondance d’altises dans les parcelles est nécessaire avant d’envisager des solutions de lutte directe. Plusieurs méthodes complémentaires existent pour suivre les populations.
Suivi de la somme des températures
Cette méthode permet d’effectuer un suivi prévisionnel des populations. Les derniers travaux de recherche ont mis en évidence une corrélation entre l’activité des altises et le cumul des températures maximales supérieures à 13°C depuis le semis. Celle-ci permet d’estimer une date prévisionnelle du début du pic d’activité des altises.
En 2025, les dates prévisionnelles d’arrivée du pic sont plus tardives, comparativement à l’année dernière (pour une même date de semis). Comme toujours, les semis précoces réalisés mi-mars sont plus exposés que les plus tardifs. (tableau 1).
Il sera nécessaire de surveiller attentivement ces parcelles par l’intermédiaire de la feuille A4 et de la cuvette jaune.

La cuvette jaune
Cette méthode permet de détecter les premiers vols d’altises. Une cuvette jaune est enterrée au moment du semis dans la parcelle et relevée tous les deux jours. Lorsque les captures évoluent rapidement (entre 50 et 100 individus capturés quotidiennement), on estime que les altises sont en activité.
Le dénombrement sur la feuille A4
Cette méthode permet d’évaluer l’activité et les populations d’altises sur la parcelle à un instant donnée. Elle consiste à déposer une feuille A4 de couleur verte au sol, d’en faire le tour à 30 cm des bords en comptant les altises sautant sur la feuille. La moyenne des altises comptabilisées représente un des indicateurs clés permettant d’ajuster la stratégie de lutte.
Adapter la stratégie de lutte en fonction du risque
Pour évaluer le niveau de risque, quatre paramètres doivent être pris en compte : l’abondance des altises à l’aide la méthode de la feuille A4, les conditions météorologiques, le stade du lin et le niveau de dégâts.
ARVALIS propose une grille d’évaluation du risque altises (figure 1) pour accompagner la prise de décision quant à l’ajustement de la stratégie de lutte directe.

En cas d’intervention
Si le risque est faible, il n’est pas nécessaire d’intervenir (réévaluation le risque 24 h ou 48 h après l’observation).
Si le risque est moyen, il est préférable d’opter pour une solution à base de lambda-cyhalothrine (type Karate Zeon à 0,075 l/ha). Deux interventions peuvent être nécessaires si le risque est élevé.
Optimiser l’efficacité des traitements insecticides
La réussite de sa stratégie de lutte chimique dépend des conditions d’applications des produits. Les solutions homologuées étant principalement des produits de contact, leur efficacité dépendra du nombre d’altises touchées lors de la pulvérisation. Trois règles sont à retenir :
- Traiter quand les altises sont présentes dans les linières : les insectes étant principalement actifs lorsque les températures sont douces, la période optimale pour réaliser un traitement se situe en fin d’après-midi d’une journée ensoleillée.
- Traiter avec un volume de bouillie conséquent : les traitements doivent être réalisés avec un volume minimal de bouillie de 150 l/hectare afin d’augmenter la probabilité de toucher les altises.
- Adapter le type de buse : les buses choisies doivent permettre la formation de gouttes de taille petite à moyenne afin d’augmenter la probabilité qu’une altise soit atteinte par celles-ci. Ce matériel expose toutefois à un risque de dérive plus important.
La période idéale pour traiter est la fin d’après-midi. Ce créneau assure la présence des altises tout en limitant le risque de dérive.
Pour plus d’information sur la gestion des altises :
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