Sécheresse : quels impacts sur les céréales ?
Le printemps 2022 a été particulièrement sec avec très peu de pluies, voire aucune, entre début avril (dernières pluies significatives) et mi-mai, ce qui peut affecter les céréales. La sécheresse a entraîné une arrivée précoce du stade épiaison avec une dizaine de jours d’avance.
Un stress hydrique réduit la photosynthèse et la croissance globale du couvert et peut avoir divers impacts en fonction de sa période d’expression:
- Au cours du tallage (situation très rare en France pour les espèces d’hiver, mais tout à fait ce que nous avons pu connaître sur orges de printemps), l’émission des talles peut être affectée, voire arrêtée, pour privilégier la croissance du système racinaire. Ceci impactant une première composante de rendement : le nombre d’épis.
- Lors d’un stress hydrique courant montaison, la montée à épi est évidemment affectée, mais elle est souvent associée à une carence azotée induite (engrais non disponible pour la plante par manque de pluie). Dans ce cas, la biomasse est aussi affectée. La densité d’épis finale est affectée ; la fertilité épi peut également être pénalisée si le stress se maintient.
Figure 1 : cumuls de pluie du 7 avril au 22 mai 2022
Un stress hydrique peu rencontré jusqu’alors dans les parcelles
Le stress hydrique estimé au 23 mai reste relativement faible dans les sols profonds et moyennement profonds (figure 2). En revanche, les sols plus superficiels sont plus affectés, avec pénalisation des céréales implantées dans ces situations. L’impact est encore plus marqué pour les semis tardifs (après le 20/11)
Figure 2 : Localisation et intensité du stress hydrique en sols profonds (en haut à gauche), moyennement profonds (en haut à droite) et superficiels (en bas) - estimation au 23 mai 2022
Des niveaux de stress hydrique déjà rencontrés dans le passé
La situation de stress hydrique actuelle renvoie à quelques épisodes déjà rencontrés au cours des années précédentes. Notamment à la campagne 2011 où le printemps avait été chaud et sec, avec une végétation précoce et un stress hydrique très marqué jusqu’au retour des pluies fin mai ; ou encore au printemps 2020 caractérisé par un stress hydrique précoce et intense en début de montaison, avant le retour de pluies fin avril ou courant mai.
Figure 3 : Comparaison de cinétiques du stress hydrique (déficit hydrique cumulé en mm) de plusieurs campagnes sur les stations de Radinghem (62) et Saint-Quentin (02) pour un blé de la variété type Chevignon semé le 15/10/2021 et un blé de la variété de type Tenor semé le 20/11/2021 – réserve utile de 180 mm
A partir du 22 mai 2022, les données météorologiques de l’année pour les différents scenarii sont des données fréquentielles et non des données réelles.
Si on prend la période actuelle (encadrée en rouge), seules les situations de semis tardifs du sud de la région semblent présenter une cinétique différente, avec un stress hydrique arrivé bien plus précocement qu’en 2011 ou 2020.
Un retour des pluies bénéfique pour une grande majorité des situations
Les retours des pluies entre le 16 et le 22-23 mai ont été bénéfiques aux cultures et ont permis de valoriser les apports d’azote pour les sols profonds.
Figure 4 : Zoom sur les dernières pluies - cumuls du 15 mai au 22 mai 2022
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