Pucerons sur céréales : quand et comment intervenir dans le contexte de l’automne 2023 ?
Après une première moitié d’octobre particulièrement favorable à l’activité des pucerons, les perturbations qui traversent la France depuis quelques semaines changent-elles la donne ?
Durant les premières semaines d’octobre, les conditions climatiques ont favorisé l’arrivée de pucerons dans les parcelles de céréales. Les conditions pluvieuses qui dominent depuis peuvent laisser penser à un ralentissement de leur activité de vol. Néanmoins, certaines parcelles ont déjà pu être infestées et un ralentissement ne signifie pas un arrêt de leur activité. Ces conditions affectent en effet la capacité des pucerons à coloniser de nouvelles parcelles. Mais, une fois implantés et en l'absence de baisse franche des températures sous les 3°C, leur activité se poursuit.
De fait, il convient de bien surveiller les parcelles durant la totalité de la période de sensibilité des plantes (de la levée à mi-tallage environ) afin de juger de la pertinence d’un traitement contres ces insectes.
Traiter uniquement si le seuil d’intervention est atteint
Les pluies et le vent compliquent une éventuelle intervention dans les parcelles. De plus, de fortes hétérogénéités de levée sont observées dans certaines régions en raison d’une première quinzaine d’octobre particulièrement sèche. Dans ce contexte, il est important de rappeler le positionnement optimal de l’insecticide, si une intervention s’avère nécessaire.
Les produits actuellement disponibles ont une action de contact, ce qui implique de les utiliser en présence effective des ravageurs dans la parcelle et leur confère une persistance d’action assez limitée. Ainsi, traiter trop tôt ne permettra pas de protéger correctement la parcelle.
Vis-à-vis des pucerons, il est recommandé d’appliquer le traitement quand 10 % des plantes abritent au moins un puceron ou quand les pucerons sont présents sur les plantes depuis plus de 10 jours. Le traitement insecticide, à base de pyréthrinoïdes, présente une forte efficacité quand il est correctement positionné. Les nouvelles feuilles, sorties après le traitement, ne sont pas protégées : il conviendra donc de rester particulièrement vigilant pour surveiller les nouvelles infestations, toujours possibles même en novembre !
Une relative souplesse dans le traitement
Les résultats d’essais réalisés par ARVALIS entre 2015 et 2021 dans des conditions de semis précoces et de surveillance assidue des pucerons mettent en évidence une relative souplesse dans la date d’application de l’insecticide vis-à-vis de cette cible : un décalage de l’application 14 jours après la date d’atteinte du seuil ne conduit pas à des pertes de rendement supplémentaires, comparé à un traitement au seuil (figure 1). Cela a même été bénéfique dans 3 essais sur 16.
Figure 1 : Positionnement de l’insecticide Karaté Zéon (0, 075 l/ha) sur orge d’hiver et gains de rendement - 16 essais 2015 à 2021 – situations à risque JNO & semis précoces
Les variétés d’orges tolérantes à la JNO n’ont pas besoin de traitement contre les pucerons. En situation de forte exposition aux pucerons, la perte de rendement d’une orge tolérante n’est pas nulle, mais elle est très nettement réduite par rapport à celle observée sur les variétés sensibles. Sur 12 essais ARVALIS soumis à une forte pression de pucerons et en semis très précoces, la perte moyenne enregistrée pour la variété tolérante Amistar est de 5 q/ha contre 40 q/ha pour la variété sensible Etincel.
En revanche, les orges sont sensibles à la maladie des pieds chétifs, y compris les variétés tolérantes à la JNO : elles nécessitent donc également d’être surveillées et protégées.
Tableau 1 : Principales spécialités insecticides en végétation pour lutter contre les pucerons et les cicadelles dans les céréales à paille
D’après dépliant ARVALIS - Institut du végétal - Mai 2023.
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