Calcul de dose et fractionnement - Pomme de terre : des besoins en azote réactualisés
La fertilisation azotée de la pomme de terre est un des leviers majeurs pour optimiser le rendement et la qualité des tubercules. Le raisonnement des apports d’azote repose en premier lieu sur une estimation correcte des besoins de la plante pour assurer une production de qualité, éviter un excès favorisant les accidents physiologiques (repousse, cœur creux) et limiter les pertes d’azote dans l’environnement par lessivage ou volatilisation.
Ces besoins sont estimés à partir de l’azote absorbé par la plante dans les différents organes et au cours du cycle végétatif (levée, tubérisation et sénescence). Ils dépendent essentiellement de la longueur du cycle – influencée par la précocité variétale et les conditions climatiques -, du type de sol et des objectifs de production (débouchés).
Des besoins en azote réévalués depuis 2017
Depuis 2017, ARVALIS propose de nouvelles références en terme de besoins par débouché et par bassin de production.
Précédemment, les besoins azotés étaient évalués à l’aide du modèle agrophysiologique CRITIC, basé sur des données climatiques sur la période 1974-1998. Mais l’évolution de la gamme variétale et les premiers effets du changement climatique de ces dernières années modifient les facteurs influençant la longueur du cycle, et donc, la production de biomasse.
Pour prendre en compte ces évolutions, les nouvelles références s’appuient sur près de 800 courbes de réponse mesurées sur les essais menés entre 1990 et 2015 ainsi que sur un objectif de rendement optimal réévalué de 95 à 98 % du maximum. Ce changement de seuil respecte mieux les performances variétales observées au champ ainsi que les objectifs de rendement optimaux d’autres espèces.
Les départements français peuvent ainsi être classés en quatre groupes de bassins de production (figure 1). Pour chaque bassin, les nouveaux besoins en azote sont différents selon les objectifs du débouché (tableau 1). Ils augmentent entre 10 et 35 kg N/ha par rapport aux anciennes références, avec des valeurs maximum de 300 kg N/ha, une moyenne de 200 kg N/ha et un écart-type entre bassin, précocité et durée du cycle d’environ 60 kg N/ha.
Ces nouveaux besoins n’augmentent pas de façon significative les reliquats post récolte.
Figure 1 : Répartition de la typologie des bassins de production en quatre classes de besoins
Tableau 1 : Exemples de besoins en azote réévalués pour le bassin 1 (besoins calculés en fonction du débouché et de la date de défanage).
Ces nouvelles références sont maintenant intégrées et relayées par le COMIFER. De façon opérationnelle, elles sont intégrées dans les outils de calcul de dose prévisionnelle conforme à la méthode COMIFER. Cependant, les arrêtés référentiels régionaux concernant la directive nitratent et plus particulièrement la mesure d’équilibre de la fertilisation azotée n’intègre pas encore à ce jour toutes ces références. Certains programmes régionaux et arrêtés sont en cours de révision (notamment dans les nouvelles grandes régions du Grand Est, Nouvelle-Aquitaine, Bourgogne-Franche-Comté).
Augmenter l’efficacité des apports grâce au fractionnement
L’augmentation des besoins engendre de ce fait un apport d’azote plus conséquent à la plantation, et donc un risque accru de perte par lixiviation. Le fractionnement des apports peut limiter ce processus et permettre d’ajuster au mieux les apports à la dynamique d’absorption de la culture.
Une synthèse de 54 essais, conduits par ARVALIS et ses partenaires, a montré qu’un premier apport à la plantation (au moins 50 % de la dose totale), suivi d’un deuxième apport au plus tard 45 jours après la levée, favorisent la dynamique d’absorption de l’azote dans la partie aérienne et dans les tubercules. Au-delà de 45 jours après la levée, un apport d’azote est moins efficace, il engendre une baisse de rendement de l’ordre de 0,5 t/ha (figure 2).
Pour aller plus loin dans le pilotage des apports, ARVALIS et ses partenaires travaillent actuellement sur un projet de pilotage en cours de culture basé sur la télédétection.
Figure 2 : Impact sur le rendement d’un deuxième apport d’azote selon la date de l’apport après la levée
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