Piétin-verse du blé : un risque climatique élevé pour les semis d’octobre
Les conditions climatiques particulièrement douces et humides observées depuis l’automne sont propices au développement rapide des cultures, mais également à celui des maladies. Les semis de blé tendre réalisés en octobre sont actuellement à épi 1 cm, stade auquel il est pertinent de diagnostiquer le risque piétin-verse sur la parcelle. Focus sur les différents éléments à prendre en considération pour raisonner le choix d’une éventuelle intervention.
Un risque climatique important …
Le piétin-verse est une maladie du bas de la tige, inféodée à la parcelle, principalement favorisée par un retour fréquent du blé et le labour lorsqu’il ramène des résidus infectieux en surface. Le type de sol joue également avec un risque de développement accru en sols limoneux. Les semis précoces, couplés à une pluviométrie importante et à des températures douces au cours de l’automne hiver augmentent également le niveau de risque.
Piétin-verse sur blé tendre d’hiver : tache ocellée observée en bas de tige, sous les gaines, avec présence de stroma (tache noire constituée par l’amas mycélien) qui résiste au passage du doigt sur la tige.
Figure 1 : Positionnement de la campagne 2023-2024 en termes de cumuls de pluie et de température sur la période 1er septembre – 1er mars par rapport aux médianes 20 ans, La Jaillière (44)
Sur la période 1er septembre - 1er mars, 2023-2024 est la campagne la plus chaude et la plus humide de ces vingt dernières années !
Le modèle TOP permet d’obtenir un indice de risque climatique (pour rappel : les notes vont de « -1 » à « +2 », qui correspondent respectivement à des niveaux de risque climatique faible et fort. La note de « 1 » signifie que le risque climatique est moyen). Cet indice est interprétable pour des cultures au stade épi 1 cm.
En Pays de la Loire, les semis d’octobre ont atteint ce stade entre la mi et fin-février (selon la précocité variétale). A cette date, pour l’ensemble des départements de la région, l’indice climatique obtenu avec le modèle TOP est égal à 2, soit un risque climatique élevé pour les parcelles semées en octobre !
… à coupler au risque agronomique
Bien que dépendante de la météo, l’estimation du risque piétin-verse est très largement déterminée par les conditions agronomiques de la parcelle. En premier lieu, la résistance variétale qui constitue le meilleur moyen de lutter contre cette maladie fréquente du blé.
Figure 2 : Echelle de résistance des variétés au piétin-verse (mise à jour en 2023)
- Les variétés présentant des notes de résistance (GEVES) supérieure ou égale à 5 n’ont pas besoin de traitement spécifique car le taux de plantes porteuses de symptômes restera généralement inférieur à 35 % (seuil en deçà duquel la nuisibilité de la maladie reste faible).
- La majeure partie de ces variétés possède le gène PCH1 leur conférant une résistance à la maladie.
Pour les variétés non porteuses de résistance au piétin-verse (PCH1) ou présentant une note GEVES strictement inférieure à 5, une grille permet d’évaluer le risque à la parcelle.
Figure 3 : Grille d’évaluation du risque de piétin-verse
Quelles sont les recommandations 2024 ?
Sur variété présentant une note GEVES ≥ 5 → Pas d’intervention spécifique piétin-verse.
Sur les autres variétés, se référer à la grille :
- Pour un score de risque ≤ 5 → Pas d’intervention spécifique piétin-verse.
- Pour un score compris entre 6 et 8 : le risque est moyen.
→ Observer les symptômes et intervenir si le taux de plantes atteintes est supérieur à 35 % (seuil de rentabilité du traitement) ou si des dégâts ont été observés sur la parcelle les années précédentes. - Pour un score ≥ 9 : le risque est fort.
→ Intervention à prévoir (solutions autorisées : Unix Max (cyprodinil) associé à Flexity (métrafénone)). Intervenir autour du stade épi 1 cm, même en l’absence de symptômes visibles. Au-delà de 1 nœud, l’intervention perd son efficacité.
Rappelons que la nuisibilité directe du piétin-verse sur blé tendre reste modérée en l’absence de verse, de l’ordre de 3 à 4 q/ha ; et que les fongicides actuellement utilisables pour lutter contre la maladie n’offrent que des efficacités modestes. Le levier le plus efficace en parcelle à risque reste la résistance variétale.
Message rédigé par ARVALIS en concertation avec Agrial, CAVAC, Eureden, la coopérative d’Herbauges, les établissements Hautbois, Soufflet Agriculture.
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