Orges de printemps : quels impacts des semis tardifs sur le potentiel ?
Les semis d’orge de printemps commencent tout juste dans la région Champagne-Ardenne, en particulier en craie et sols argilo-calcaires, grâce au temps un peu plus sec et ensoleillé de ces derniers jours. En revanche, en sols limoneux/argileux, il est plus difficile voire impossible d’envisager d’entrer dans les parcelles. Vu le temps mitigé et humide annoncé pour les prochains jours, quel est le recul sur des dates de semis postérieures au 10 mars ?
La période idéale pour les semis d’orge de printemps, dans notre secteur, court du 15 février au 15 mars. Les semis tardifs ont pour conséquences physiologiques un retard du stade épiaison d’environ 10 jours, mais surtout un raccourcissement du cycle, et donc une incertitude sur la capacité des orges de printemps à aller chercher suffisamment d’épis par m². Or, cette espèce construit son rendement à 40 % sur la densité en épis.
Ça, c’est la théorie. Car en pratique, la mise en place des composantes de rendement, notamment épis/m², est très tributaire des conditions météo entre le semis et l’épiaison. Et il n’est pas rare d’avoir de très belles surprises en sols profonds ou si la montaison se déroule en conditions favorables (figure 1).
Il n’y a donc pas de corrélation ni de règle générale : hormis l’adaptation de la densité de semis (+1 % par jour au-delà du 20 mars pour les Ardennes, la Marne, l’Aube, et au-delà du 15 mars pour la Haute-Marne), il est à ce jour inutile d’envisager une évolution de sa stratégie de fertilisation azotée ou de protection contre les maladies foliaires.
Figure 1 : Rendement des orges de printemps en fonction de la date de semis, en sol de craie
Un lien est fait avec la météo du printemps pour les années marquantes.
Sources : essais ARVALIS, 45 données entre 2010 et 2023
Les mauvaises performances, quelle que soit la date de semis, s’explique par un déficit de pluies entre le semis et l’épiaison, et une densité épis en retrait (figure 2). Les essais historiques montrent qu’un cumul de pluie de 120 mm entre semis et épiaison contribue à préserver le potentiel de rendement.
Figure 2 : Rendement des orges de printemps en fonction de la date de semis, en sol de craie
Un lien est fait avec la densité d’épis par m².
Sources : essais ARVALIS, 45 données entre 2010 et 2023
Il est bien entendu impossible de savoir quel sera le scénario climatique en avril et mai. Néanmoins, deux éléments positifs peuvent rassurer :
- En fréquentiel, pour des semis avant le 20 mars, nous avons 7 à 8 chances sur 10 de cumuler suffisamment de pluies pour maintenir le potentiel. Cela descend à 6 chances sur 10 pour des semis postérieurs au 20 mars.
- L’état des réserves utiles est très bon, les températures sont douces : cela devrait favoriser un démarrage rapide des orges de printemps.
En sols argilo-calcaires, les réserves utiles limitent davantage le potentiel de rendement des orges de printemps en semis tardifs. Au-delà du 15-20 mars, les potentiels sont malheureusement impactés de 15 à 20 %.
En sols limono-argileux/hydromorphes, les chantiers de semis n’ont pas pu commencer. Les résultats d’essais montrent qu’au-delà du 25 mars, le potentiel peut être impacté de 20 %. Tout comme en craie, c’est la météo du printemps qui conditionnera l’accès au potentiel.
Garder l’objectif de fractionner l’azote en deux apports
Concernant la fertilisation azotée, il serait tentant de ne réaliser qu’un seul apport, au lieu de 2 préférentiellement. Nous préconisons toutefois de maintenir la stratégie de fractionnement en deux apports, avec une répartition de 30 à 50 % de la dose totale au semis, puis le solde à tallage :
- Si le printemps est suffisamment humide, cela permettra d’aller capter le potentiel.
- A l’inverse, si la sécheresse s’installe entre le premier apport au semis et le second en végétation, et que le potentiel est impacté, il pourrait être judicieux de minorer le second apport pour ne pas risquer de dépasser les 11,5 % de protéines.
Enfin, nous vous encourageons à installer une zone sur-fertilisée lors du premier apport, afin d’être en mesure de réaliser un pilotage N-Tester® au plus près des besoins des plantes au stade 1 nœud. Pilotage d’autant plus nécessaire que cette année s’annonce particulièrement incertaine pour les orges de printemps.
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