Résultats d’essais
Bourgogne-Franche-Comté

Orges de printemps conduites en agriculture biologique : comment assurer un débouché brassicole ?

Depuis quelques années, le marché de la bière Bio connaît une croissance importante. La production française d’orges brassicoles conduits en agriculture biologique représente une opportunité, notamment en Bourgogne-Franche-Comté, où des marchés de niche se développent. Pour acquérir des références sur cette production, l’équipe régionale d’ARVALIS, en partenariat avec la Chambre d’Agriculture de Côte d’Or et Biobourgogne, a mis en place un essai en 2022 en plaine dijonnaise à Epernay-sous-Gevrey (21). Il s’agissait de comparer les aptitudes de différentes variétés d’orges de printemps conduites avec ou sans apport azoté organique.

Orge de printemps, épis immatures, sains

Implanté en sol argileux profond avec une réserve utile de 175 mm, cet essai a évalué un panel de sept variétés : une variété ancienne (Orge de Haute-Loire), trois variétés qui ne sont quasiment plus cultivées depuis quelques années (Explorer, Sébastian et RGT Prestige) et trois variétés actuelles (RGT Planet, Fandaga et KWS Fantex).

En termes d’itinéraire technique, l’orge a été semée le 7 mars 2022, avec un passage de herse étrille fin avril afin de limiter des levées de chénopodes.

Premier constat : plus la variété est productive, moins le taux de protéines est élevé. Ce constat est logique car une dilution des protéines se fait dans les grains. Dans tous les cas, sans aucun apport d’azote organique, les teneurs en protéines restent inférieures à 9,5 %, limite basse du cahier des charges des malteurs, au moins celui connu en agriculture conventionnelle.

Figure 1 : Teneur en protéines en fonction du rendement des sept variétés d’orge de printemps conduites en agriculture biologique – essai 2022 en plaine de Dijon
Teneur en protéines en fonction du rendement des sept variétés d’orge de printemps conduites en agriculture biologique – essai 2022 en plaine de Dijon

Sans apport d’azote, privilégier des variétés qui concentrent les protéines

Globalement, les variétés dites récentes affichent un très bon rendement sans aucun apport de fertilisation organique (tableau 1). C’est avec un nombre d’épis et un nombre de grains par épi importants que le rendement s’est construit.

Dans ces modalités sans apport organique, la variété Explorer se démarque du lot avec un rendement moyen à 44 q/ha et un très bon calibrage. A l’inverse, Sébastian et l’Orge de Haute-Loire sont très peu productives. Pour la seconde, c’est la verse précoce (dès début épiaison), qui a pénalisé le remplissage, avec comme conséquences directe un calibrage modeste.

Tableau 1 : Performances des sept variétés d’orge de printemps conduites en agriculture biologique sans apport azoté organique – essai 2022 en plaine de Dijon
Tableau 1 : Performances des sept variétés d’orge de printemps conduites en agriculture biologique sans apport azoté organique – essai 2022 en plaine de Dijon

Sans apport d’azote, il vaut mieux privilégier une variété qui semble concentrer les protéines comme Sébastian pour atteindre le débouché brassicole, dans le contexte de l’essai 2022.

Un apport d’azote début montaison, le meilleur compromis rendement/protéines

Pour concilier productivité et niveau de protéines suffisant pour le débouché brassicole, la question de la fertilisation organique azotée se pose en AB. Cette fertilisation peut être aussi bien réalisée en apports organiques (fumier de bovins, fientes de volailles…), qu’avec des engrais organiques solubles ou en bouchon. Il est possible également d’intégrer de l’azote dans son système via la restitution d’un précédent protéagineux.

Dans cette optique, certaines variétés ont bénéficié d’un apport d’azote au travers d’un engrais perlé soluble autorisé en agriculture biologique : 60 kg N/ha de NovaNmax, apporté au semis ou à épi 1 cm. L’apport enfoui au semis, a été valorisé par 30 mm de pluie dans la quinzaine suivante. L’apport au stade épi 1 cm a été réalisé le 26 avril juste avant le passage d’herse étrille et valorisé avec 20 mm de pluie dans les 15 jours suivants.

Dans cet essai, un apport d’azote organique soluble apporte un gain de rendement important : +23 q/ha en moyenne pour un apport au semis et +10 q/ha pour un apport début montaison (tableau 2).

L’apport au semis augmente le rendement en favorisant le nombre d’épis par m² au détriment du taux de protéines (dilution du taux des protéines dans plus de grain). Nous avons donc une meilleure valorisation de l’azote avec un apport au semis qu’en pleine végétation.  A l’inverse, un apport en début de montaison permet de trouver un bon compromis entre rendement et protéines : il permet, en moyenne, un gain de 10 q/ha tout en assurant un taux de protéines aux normes ou quasiment.

Bien entendu, ces résultats sont issus d’un seul essai dans un contexte, un lieu et une année. Il ne faut donc pas généraliser les conclusions.

Tableau 2 : Performances des variétés d’orge de printemps conduites en agriculture biologique et fertilisées soit au semis, soit à épi 1 cm – essai 2022 en plaine de Dijon
Performances des variétés d’orge de printemps conduites en agriculture biologique et fertilisées soit au semis, soit à épi 1 cm – essai 2022 en plaine de Dijon

Un essai à poursuivre pour consolider les stratégies

Cet essai montre que la gestion de la fertilisation azotée organique est importante pour permettre un débouché brassicole, et atteindre un bon compromis rendement / protéines sans affecter le calibrage.

L’essai est reconduit en 2023, avec des bouchons de protéines animales transformées (PAT) pour la fertilisation. Il est en effet opportun de continuer à travailler cette question, car certaines hypothèses semblent se dessiner. La question principale qu’un agriculteur se posera sera quelle stratégie privilégier : variété type « protéines » mais avec moins de rendement ou variété à compromis rendement / protéine avec un complément azoté pas toujours en adéquation avec un système bio (favorise l’enherbement et la pression maladie notamment). De plus, l’avenir des engrais perlés sur le marché français reste incertain suite à un avis défavorable de l’exécutif européen.

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