Flambée des cours de l’azote : ne pas négliger les sources alternatives d’azote… ni les surestimer !
La tension actuelle sur le marché des engrais laisse présager que de nombreuses commandes ne pourront pas être honorées à temps pour les apports d’azote au printemps prochain. En cas de défaut d’approvisionnement d’engrais minéraux azotés, que peut-on attendre des autres sources d’azote pour les blés tout juste semés ?
Les agriculteurs qui peuvent avoir accès à des produits organiques, fournissant de l’azote disponible rapidement après l’apport, tels des lisiers ou des digestats, pourront compenser une partie de l’azote provenant des engrais minéraux faisant défaut, à condition d’utiliser ces produits à bon escient (voir la calculette gratuite « Fertiliser avec des produits organiques »).
Des engrais organiques à positionner autour du stade épi 1 cm du blé
Comme pour les engrais minéraux, il est impératif de réaliser les apports dans de bonnes conditions, afin de valoriser au mieux les éléments fertilisants. Les principaux conseils d’apport visent un passage autour du stade épi 1 cm, à réaliser en conditions de portance satisfaisantes, avec un matériel d’épandage limitant les pertes par volatilisation (système d’enfouissement ou, à défaut, pendillards) tout en évitant d’intervenir lorsque les conditions sont venteuses ou avant une période chaude et sèche.
Il semble en revanche peu efficace d’apporter des produits organiques dès cet automne. En effet, les seuls produits dont l’épandage est autorisé à cette période de l’année - les composts – ne seraient d’aucun intérêt pour fournir de l’azote au blé. Et, au contraire, un tel apport risquerait même de provoquer une « faim d’azote ».
Les couverts de légumineuses : une ressource en azote plus à moyen terme
Si les légumineuses peuvent jouer un rôle intéressant pour fournir de l’azote, il est difficilement envisageable de mobiliser ce levier pour les semis d’automne. Des résultats intéressants ont été obtenus sur des blés associés à des couverts de légumineuses régulés ou détruits au printemps, mais la réussite de cette stratégie demande une très grande technicité et repose sur des couverts déjà implantés lors du semis du blé.
Associer cette année un couvert de légumineuse au blé en semant les deux espèces à la même date dans l’optique de détruire la légumineuse au printemps pour fournir de l’azote en fin de cycle à la céréale peut s’avérer risqué, voire contre-productif. En effet, cette technique engendrerait des charges supplémentaires (semences du couvert) mais, surtout, le couvert de légumineuse aurait besoin lui aussi d'azote pour se développer avant que la fixation symbiotique ne se mette en place. En plus, en cas de difficultés pour la contrôler, la légumineuse serait en compétition pour les autres nutriments, l’eau et la lumière ; cette concurrence risquerait de pénaliser le blé. Cette technique n’est à réserver qu’aux situations où aucun apport d’azote ne pourrait être assuré.
En revanche, il peut être encore temps d’implanter des couverts de légumineuses avant des cultures de printemps, comme du maïs, pour augmenter les fournitures d’azote. Mais, en tenant compte des charges opérationnelles (semences) et des charges de mécanisation (semis, destruction), le bénéfice ne sera pas systématique.
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