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Centre / Île-de-France

Maïs grain 2024 : un bilan contrasté à l’heure de la récolte

Comme en céréales, la pluie a été très présente pendant la campagne maïs, retardant fortement les implantations et les récoltes dans certains secteurs. Les rendements sont plutôt bons, mais les grains sont très humides, avec un risque mycotoxines élevé ; aussi, les chantiers réalisés en conditions délicates ont pu dégrader la structure des sols, avec des tassements.

Récolte tardive de maïs 2024 en région Centre

Des semis chamboulés

Les mois d’avril et de mai, par leur fraîcheur et les pluies régulières, ont retardé les chantiers de semis. En conséquence, peu de semis précoces en 2024, et si les opérations ont pu se faire en conditions correctes dans les sols sains à partir de mi-avril (argilo-calcaires, limons avec peu d’argile), certains secteurs hydromorphes ont accusé le coup : l’observatoire Céré’Obs annonçait environ 10 % des semis après le 3 juin sur la région, un record de tardiveté. Les secteurs Touraine, la Sologne et le Val-de-Loire ont été les plus impactés.

Carte 1 : Ecart de précipitations entre le 1er avril et le 15 mai 2024 par rapport à la médiane 20 ans

Carte 1 : Ecart de précipitations entre le 1er avril et le 15 mai 2024 par rapport à la médiane 20 ans

La question est alors au choix d’espèce et de variété : jusqu’à quand semer du maïs ? faut-il changer de précocité ? Avant de connaître le climat de l’été, apparaissait le constat qu’il était possible de semer des variétés en G2 jusqu’au 20-25 mai pour espérer récolter du maïs à maturité fin octobre. Au-delà, il était nécessaire de précocifier en G1/G0, envisageable jusqu’à fin mai en nord Loire, tout début juin en sud Loire. Au-delà de ces créneaux, il serait difficile de récolter des maïs à maturité.

Tableau 1 : Tableau des dates limites de semis pour atteindre H32% avant le 25 octobre

Tableau 1 : Tableau des dates limites de semis pour atteindre H32% avant le 25 octobre

Un été assez humide favorable au maïs, malgré des stades en retard

Malgré ce départ « poussif », les pluies permettent d’accompagner les besoins en eau des maïs jusqu’à début juillet. Les températures étant restées relativement modérées sur le printemps, la floraison (femelle) des maïs grains a lieu à partir de la deuxième décade de juillet, avec dix jours de retard pour des semis d’avril. Comme pour les semis, ces floraisons s’étirent, parfois jusqu’à mi-août.

En parallèle, des observations de larves d’héliothis ont été signalées, chose rare en maïs grain mais plus commune en maïs semences. L’accumulation de différents facteurs contribuent à une exposition exceptionnelle en 2024 : décalage du stade floraison notamment en semis tardifs, concomitance entre présence des papillons et stades sensibles du maïs (floraison et début remplissage des grains). Les parcelles les plus concernées sont les semis tardifs au sud de la Loire, avec des proportions parfois supérieures à 50 % d’épis attaqués. Si l’impact sur le rendement reste assez faible (l’héliothis n’engendre pas de casse de tiges sous épis, contrairement aux pyrales/sésamies), les épis consommés sont plus à même d’être contaminés par des champignons producteurs de mycotoxines.

Présence de larves d’héliothis sur des parcelles semées tardivement
Présence de larves d’héliothis sur des parcelles semées tardivement

Si la fin de l’été est plus chaude et permet de rattraper un peu le retard, pluies exceptionnelles et fraîcheur relative sont d’actualité en septembre-octobre, ralentissant le séchage du grain au champs. L’arrivée de la maturité physiologique, à environ 32 % d’humidité du grain, arrive seulement début octobre au mieux, plus communément après mi-octobre. Globalement, sur l’année, plus d’eau et des températures moyennes (en base 6-30°C) conformes aux médianes historiques (2004-2023), mais bien loin des dernières campagnes chaudes en fin de cycle (2022 et 2023).

Des récoltes humides

Sur les semis d’avril-mai en terres non hydromorphes, le constat est plutôt bon : le rendement est – en général – au rendez-vous. La fertilité épi est dans la moyenne, et le PMG a profité de bonnes conditions hydriques sur la fin d’été (+9 %), expliquant des performances satisfaisantes.

Le grain est cependant récolté humide, demandant plus de séchage qu’habituellement. Une différence de 5 points d’humidité est mesurée sur nos essais entre les variétés demi-précoces (G2) et demi-tardives (G4), récoltées parfois avant maturité. La phase de séchage climatique a notamment été impactée au nord Loire par un climat humide après maturité physiologique des grains (ETP faibles).

Figure 1 : Dessication du grain dans le contexte 2024à Binas (41) (nord Loire) – Variétés G1 à G4

Figure 1 : Dessication du grain dans le contexte 2024à Binas (41) (nord Loire) – Variétés G1 à G4

Pour les parcelles semées tardivement, si l’été a permis de préserver des bons potentiels de rendement, la problématique de récolte tardive et humide est plus accentuée. Les récoltes se poursuivent en conditions parfois délicates pour les sols, de nombreux maïs sont récoltés avant maturité, ce qui limite quelque peu le poids des grains.

Autre fait de l’année, une plus forte proportion de mycotoxines, s’expliquant par un climat favorable (frais au mois de mars, puis humidité estivale) combiné à des récoltes tardives.

Figure 2 : Résumé de la campagne 2024 maïs grain en région Centre et Île-de-France

Figure 2 : Résumé de la campagne 2024 maïs grain en région Centre et Ile-de-France

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