Maïs : des prévisions de pluie en faveur du désherbage de prélevée

Ajuster le désherbage à chaque situation

L’état d’assèchement des sols est variable selon les préparations et le type de sol mais amplifié sur toutes les situations par les conditions séchantes et venteuses depuis dix jours. De nombreux retours mentionnent des sols « croûtés » superficiellement. Ces conditions sont défavorables à l’efficacité des produits racinaires. Le retour de pluies significatives va permettre de valoriser les désherbages de prélevée déjà réalisés ou être favorable à leur réalisation. Toutefois, il convient de prendre quelques précautions en tenant compte à la fois du stade de la culture et de la nature des adventices attendues sur la parcelle.

Pour les semis précoces de fin mars à début avril

Dans ces situations, les maïs sont en cours de levée.

• En général, le premier désherbage a pu être effectué en prélevée avec la fraîcheur résiduelle du sol suite aux pluies précédentes. Dans ce cas, la ré-humectation des sols attendue avec les pluies prochaines, même légère, devrait assurer une efficacité correcte de ce désherbage. Les conditions d’efficacité du premier passage en prélevée dépendent de la préparation de sol soignée et de l’humidité. Elles sont optimisées avec au moins 10 mm de pluie dans les dix jours après l’application.
• Dans les cas où aucun désherbage n’a été effectué, attendre une levée complète de la culture et le retour de conditions plus favorables pour intervenir. On pourra s’orienter vers un désherbage de postlevée précoce, en particulier pour les situations où les graminées posent régulièrement un problème. L’application de postlevée très précoce combinera des produits à spectre antigraminées et antidicotylédones à action racinaire et foliaire. Cette stratégie permettra, pour ces semis les plus précoces, de gagner en persistance. Opter pour des produits pouvant être appliqués en postlevée précoce du maïs (stade 2-3 feuilles), sur adventices tout juste levées ou encore non levées. Comme pour les applications de prélevée, cette stratégie nécessite de réaliser l’intervention sur sol frais, avec une pluviométrie suffisante après l’application, et en plus, de bonnes conditions d’application (températures 10-20°C et hygrométrie > 70 %) pour les matières actives à mode d’action foliaire.

Pour les semis récents non levés

Ces semis ont été réalisés sur des sols un peu plus secs. Quelques situations vont nécessiter en priorité un désherbage de prélevée en profitant des quelques pluies prévues :

• Parcelles où la pression graminées est moyenne à forte.
• Parcelles en présence de résistance ou en cours d’installation. La résistance la plus fréquente est celle de sétaires ou de digitaire sanguine au nicosulfuron et aux sulfonylurées à pénétration majoritairement foliaire (groupe HRAC 2). Quand cette résistance est installée, le nicosulfuron n’aura plus d’action suffisante sur la population de graminées résistante. Il faudra donc exclure tout recours aux sulfonylurées à large spectre ET modifier le programme de désherbage : en particulier, renforcer le premier passage en s’appuyant sur des produits d’action racinaire.
• Présence de ray-grass : cette adventice, habituellement inféodée aux cultures d’automne, est devenu une problématique aussi en maïs. La difficulté avec cette graminée réside dans sa capacité à germer sur une large période de l’année. Le spectre d’action des antigraminées utilisables sur maïs n’est globalement pas très performant vis-à-vis du ray-grass. Là encore, les programmes de désherbage reposent sur l’utilisation de produits racinaires appliqués tôt. Après un premier passage de prélevée ou de postlevée très précoce, il faudra surveiller attentivement les relevées et se mettre en mesure de ré-intervenir dès l’émergence de très jeunes ray-grass. En effet, il existe peu de possibilités de rattrapage en postlevée foliaire et les produits disponibles reposent tous sur des modes d’action exposés à la sélection de ray-grass résistants (groupes HRAC 1 et 2). Le binage est globalement peu efficace sur cette graminée.

Tableau 1 : Exemples de solutions pour le premier passage de prélevée (liste non exhaustive) 

Des stratégies alternatives au S-métolachlore

Rappelons que le S-métolachore est dans sa dernière campagne d’utilisation. Le recours à cette substance active racinaire de la famille des chloroacétamides ciblait en priorité les graminées estivales, dont la pression tend à s’accentuer dans notre région, avec de surcroît une tendance au développement de populations résistantes aux herbicides foliaires (nicosulfuron en particulier). La disparition de cette solution technique vient donc compliquer la réussite du désherbage du maïs, notamment dans les situations très infestées de graminées pour lesquelles le recours au désherbage chimique est incontournable.

Quelques recommandations :

• En cas de pression graminées modérée et en absence de ray-grass, les chloroacétamides ne sont pas indispensables et il est préférable de ne pas les utiliser dans cette situation pour préserver leur usage.
• En situation de forte densité de graminées estivales, en particulier de sétaire, la plus difficile à maîtriser, ou de ray-grass, le recours à des associations à base de chloroacétamide est nécessaire. Le fait d’associer permet de renforcer l’efficacité tout en limitant la dose de chloroacétamide appliquée.
• Plus largement, pour déterminer la stratégie de désherbage à mettre en œuvre, la première question à se poser est le type de flore attendu sur la parcelle.

Tableau 2 : Quelques suggestions de programme de désherbage déclinés en sept stratégies selon la flore attendue de la parcelle 

Retrouvez le détail de l’ensemble de ces stratégies dans le guide régional Choisir et Décider Maïs - Variétés et interventions 2024.