Lin fibre : le risque oïdium est là, vigilance !
La majorité des lins au stade 10 cm, des fortes températures et une absence de pluie : les conditions sont réunies pour que le risque oïdium s'exprime dans les linières. A surveiller de très près par des visites fréquentes des parcelles et décider, si nécessaire, d'une protection fongicide.
Un risque oïdium avéré
Les stades de sensibilité atteints dans la plupart des linières
La surveillance des linières vis-à-vis de l’oïdium débute à partir du stade 10 cm. Cette semaine, 70 % des parcelles suivies dans le cadre du réseau d’épidémio-surveillance BSV Normandie- Hauts de France sont entre les stades 10 et 30 cm. Une grande hétérogénéité est à noter, les linières du réseau se situant entre 5 cm et 50 cm. A mettre en lien avec la variabilité des conditions météorologiques.
Une augmentation de la température couplée à une faible pluviométrie
Comme en témoigne la figure 1, ces dernières semaines ont été marquées par une augmentation des températures sur l’ensemble du bassin linier. Selon les prévisions de Météo France s’étendant jusqu’au 24 mai, les températures moyennes resteront supérieures à 20°C. En parallèle, cette même période est marquée par une très faible pluviométrie (figures 1 et 2).
Figure 1 : Données météo pour la station de Bernienville (27) entre le 15 avril et le 24 mai. Les données prévisionnelles s'étendent du 15 mai au 24 mai.
(Source : Météo France)
Figure 2 : Cumuls de pluie (mm) entre le 25 mars et le 15 mai sur le bassin linier
Des linières déjà touchées par l’oïdium
Ces conditions météorologiques peuvent engendrer un stress hydrique des lins, en particulier dans les sols peu profonds. Le stress étant un facteur favorisant le développement de l’oïdium, il est alors nécessaire de surveiller le développement de la maladie.
Des symptômes d’oïdium ont été observés dans trois des quarante-neuf parcelles suivies dans le réseau BSV. Si le nombre de parcelles touchées est peu élevé, la fréquence de plantes avec symptômes dans celles qui sont concernées est importante. Ainsi, le suivi des parcelles est fortement recommandé au cours des prochains jours.
Surveiller le développement de l’oïdium dans les linières
Sur le lin, l’oïdium est la maladie la plus fréquente. S’il s’exprime avant la floraison, ce bioagresseur peut entraîner une perte de rendement en fibres (jusqu’à 20 %) et une détérioration de leur qualité. Le niveau de développement du mycélium et le stade du lin au moment des premiers symptômes sont deux facteurs impactant le niveau de perte de rendement. Ainsi, une forte infestation à des stades précoces risque d’engendrer des pertes importantes.
Diagnostiquer l’oïdium
S’il apparaît le plus souvent en fin de végétation, l’oïdium peut également se déclarer à partir de 15/20 cm en condition de stress hydrique et/ou thermique. Une odeur de moisi à la base des tiges constitue souvent un des premiers symptômes. Puis, l’apparition d’étoiles blanches sur les feuilles marque l’évolution du mycélium. Ce dernier peut progresser rapidement et recouvrir les organes de la plante d’un feutrage blanc, réduisant la photosynthèse.
Symptômes d'oïdium.
Des étoiles blanches sur les feuilles marquent l’évolution du mycélium.
Réfléchir la stratégie de lutte
Plusieurs variétés commercialisées sont tolérantes à l’oïdium : Bolchoï, Elïxir, Ideo ou Stereo. Si ces dernières peuvent présenter des symptômes, les attaques sont plus tardives.
Si la maladie se déclare dans linière, l’utilisation d’un fongicide peut s’avérer nécessaire. Le choix de la stratégie de lutte s’effectue en fonction du stade du lin, du niveau d’intensité de la maladie et des conditions de végétation (tableau 1).
Dans les conditions de stress hydrique observés à ce jour dans les linières, l’utilisation de produits à base de prothioconazole (ex : Joao) peut entraîner un stress supplémentaire et impacter sérieusement l’élongation des fibres.
Tableau 1 : Exemple de stratégie de lutte contre l’oïdium
Sur les lins stressés, en situation de forte pression oïdium, une double application de Nissodium peut être envisagée à la dose maximale de 0,25 l/ha par application. Par exemple, une application à un stade précoce 20/30 cm puis une seconde application une dizaine de jours après, au stade 50/60 cm environ, afin d’accompagner la croissance de la plante.
On notera qu’une demande de dérogation pour pouvoir utiliser la spécialité de biocontrôle Heliosoufre S (soufre micronisé 700 g/l) a été déposée auprès de la DGAL et est en cours d’instruction. A ce jour, il n’est donc pas possible de l’utiliser.
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