Contrôle biologique - Les sphécides, une famille d’auxiliaires peu connue
Moins étudiés que les syrphes ou les coccinelles, les sphécides sont bien présents dans les milieux agricoles. Leur abondance et leur rôle dans la régulation naturelle d’autres insectes ont clairement été identifiés dans une étude conduite par ARVALIS, Bayer et le Laboratoire d’Eco-Entomologie sur des exploitations de grandes cultures de la moitié nord de la France.
Les sphécides appartiennent à l’ordre des Hyménoptères et comptent environ 400 espèces en France. Les genres les plus présents, parmi les 28 identifiés en grandes cultures entre 2010 et 2015 sont les Psenulus et les Trypoxylon (photos). Ils représentent 49 % de l’abondance totale.
Spécimens de sphécides adultes (copyright Jean-David Chapelin-Viscardi)
Leur période d’activité s’étale principalement de mai à septembre. De nombreuses espèces ont plusieurs générations par an : une au printemps (la nidification se déroule en juin-juillet), une autre en été (nidification en août-septembre) et parfois une troisième au printemps.
S’ils sont bien moins étudiés que les syrphes ou les coccinelles par exemple, lors de travaux sur le contrôle biologique des pucerons, ce n’est pas pour autant qu’ils sont moins présents dans les milieux agricoles. En effet, ce groupe semble être aussi abondant et diversifié que les coccinelles.
Les femelles de sphécides chassent d’autres insectes pour nourrir leurs larves
Les adultes sont floricoles et se nourrissent du nectar des ressources florales. Pour nourrir leurs larves, les femelles chassent divers insectes ou des araignées, ce qui leur confère donc un rôle d’auxiliaires de cultures. La gamme des proies chassées est très variée, les femelles sont plus ou moins spécialisées (figure 1). L’étude montre que les chasseurs d’homoptères (pucerons, cicadelles, psylles…) constituent le groupe dominant, avec 55 % de l’abondance totale des sphécides identifiés et 31 espèces. Viennent ensuite les chasseurs d’araignées (22 % de l’abondance totale et 8 espèces). Les chasseurs de diptères forment le troisième groupe de sphécides, avec 9 % de l’abondance totale et 23 espèces.
Figure 1 : Abondance relative totale des sphécides en fonction des proies consommées
(Source : étude ARVALIS, Bayer et le Laboratoire d’Eco-Entomologie)
Des lieux de nidification très variés
Les femelles de la plupart des espèces stockent leurs proies dans un nid avant d’y pondre un œuf.
Une majorité des individus (74 %, pour 43 espèces) nichent dans la végétation :
- nidification mixte avec utilisation de cavités végétales préexistantes pour 49 % d’entre eux,
- rubicoles (dans les tiges et les petites branches) : 15 %,
- xylicoles (dans le bois mort ou les cavités creusées par des xylophages) : 10 %.
Les autres espèces sont terricoles (22 % de l’abondance) et généralistes (4 % de l’abondance). Ces dernières peuvent nidifier dans plusieurs types de substrats.
Figure 2 : Abondance relative totale des sphécides en fonction de leur mode de nidification
(Source : étude ARVALIS, Bayer et le Laboratoire d’Eco-Entomologie)
Des haies à plusieurs strates pour favoriser leur présence
L’étude montre que les sphécides sont principalement présents à proximité des lisières de bois ou de haies en paysages de grandes cultures. Ainsi, les éléments boisés sont essentiels pour favoriser et préserver ces insectes.
En effet, les sphécides femelles sont principalement actives pour l’élaboration du nid et la chasse. Les nids sont localisés à proximité des sources de nourritures pour limiter les déplacements. Ceci favorise une régulation des proies localement.
De plus, il est possible de fidéliser les populations de sphécides en aménageant les bordures de parcelles puisque ces organismes nidifient de préférence près des nids parents.
Pour favoriser la présence des sphécides dans les parcelles et à proximité, il est conseillé d’installer des haies à plusieurs strates (herbacée, arbustive, arborescente) et à floraison étalée dans le temps, ainsi que de raisonner leur entretien. La coupe franche des rameaux de plantes ligneuses créé des extrémités de tiges à nu qui sont autant de possibilités de nidification, l’idéal étant de laisser les produits de la taille au sol puisque certaines espèces y nichent également. La pratique la plus favorable est un entretien régulier et raisonné dans le temps pour éviter une perturbation profonde des sites de nidification et donc des populations.
En complément, des talus de terre peuvent être mis en place pour favoriser les espèces terricoles.
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