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JNO et pieds chétifs sur céréales : retour sur le scénario de la dernière campagne

Alors que la période de surveillance des céréales débute sous des pluies persistantes, le risque de revivre un scénario similaire à celui de l'an dernier se profile. Même en faible nombre, pucerons et cicadelles peuvent générer des dégâts si leur présence se prolonge à l’automne. Il est donc pertinent de se pencher sur les leçons tirées de la dernière campagne pour mieux anticiper les risques.

Un puceron d'hiver ailé et pucerons sur une jeune plante d'orge, stade 1 feuille

Automne 2023 : une pression pucerons et cicadelles modérée mais prolongée

L'automne 2023 a été caractérisé par des températures souvent supérieures aux normales saisonnières, de fortes pluies et l'absence de gelées significatives. Ces conditions ont favorisé la présence prolongée des pucerons, malgré des populations assez faibles. Les fortes précipitations, associées à un faible ensoleillement et à une baisse des températures, ont tout de même permis de contenir les populations de cicadelles, excepté dans certaines régions du Sud.

Fin novembre 2023, une brève vague de froid a touché la plupart des régions, mais le redoux de mi-décembre à début janvier a permis le maintien - et même le développement tardif - des insectes, en particulier des pucerons vecteurs de la JNO. Il était possible d’en observer encore en janvier.

L’analyse des données de Vigiculture confirme

Les informations recueillies par le réseau Vigicultures® à l'automne 2023 montrent une pression significative de pucerons : environ 28 % des parcelles surveillées dépassent le seuil de traitement recommandé. Sur les 12 dernières années, l'automne 2023 se situe dans la moyenne en termes de fréquence de situations à risque (figure 1).

Figure 1 :  Répartition des parcelles (en %) selon l’intensité de pucerons observés au cours des automnes de 2010 à 2023 à l’échelle nationale
Figure 1 :  Répartition des parcelles (en %) selon l’intensité de pucerons observés au cours des automnes de 2010 à 2023 à l’échelle nationale
(source : Vigicultures®)

En outre, ces données révèlent une présence importante de pucerons et de cicadelles fin septembre et début octobre. Ensuite, avec l’arrivée des pluies importantes et prolongées, les populations d’insectes vecteurs de viroses ont fortement diminué, mais les pucerons ont tout de même pu survivre en raison de la quasi-absence de gelées jusqu’à janvier. Un second pic de populations, conséquence de nouveaux vols et de la contamination secondaire, a d’ailleurs été observé pendant la semaine 47 (fin novembre) en raison du redoux à cette période (figure 2).

Figure 2 :  Evolution du % moyen de plantes habitées par parcelle à l’automne 2023 en fonction de la semaine, à l’échelle nationale
Figure 2 :  Evolution du % moyen de plantes habitées par parcelle à l’automne 2023 en fonction de la semaine, à l’échelle nationale
(source : Vigicultures®)

Les espèces de pucerons identifiées sur nos sites d’essais au cours de l’automne 2023 sont dans la continuité des données historiques. Les espèces majoritaires sont Rhopalosiphum padi et Sitobion avenae (figure 3).

Figure 3 : Part relative des différentes espèces de pucerons prélevés à l’automne sur plantules d’orge et de blé sur 5 sites (départements 26, 17, 18, 81 et 49), suivant l’année

Attention : Effectifs de pucerons variables suivant les sites et les années

Printemps 2024 : une expression de symptômes localement importante

Les infestations prolongées de pucerons, bien que faibles en termes de population, ont tout de même permis à la JNO de circuler dans les parcelles. De plus, les difficultés de traitement dues aux conditions météo de l’automne n’ont pas facilité le contrôle des pucerons présents. Ainsi, au printemps, des symptômes de JNO assez importants ont été observés de façon localisée dans le sud et l’ouest de la France.

Concernant la maladie des pieds chétifs, peu de signalements sont remontés du Centre-Val de Loire, région historiquement concernée par cette maladie en France. En revanche, le sud de la France a été assez fortement impacté.

Il est important de rappeler que la gravité de ces maladies virales dépend de nombreux facteurs. L’abondance d’insectes vecteurs de virus, leur activité et leur durée de présence sur la parcelle sont des éléments importants, mais pas seulement. Les caractéristiques des virus, la culture elle-même (sensibilité, stade au moment de l’inoculation) et l’interaction avec d’autres stress (climat, alimentation) interviennent également. Dans ces conditions, la vigilance est toujours de mise dès lors que les conditions automnales sont favorables à l’activité de ces insectes.

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