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BRETAGNE

Jaunissements soudains des céréales : gare aux confusions !

Depuis quelques jours, des jaunissements sont apparus brusquement sur les feuilles du haut des plantes, de façon homogène. Pas d’inquiétude à avoir : ce sont principalement de taches physiologiques, liées au climat, sans conséquences pour le rendement. Voici quelques clés pour distinguer les symptômes d’origines biotiques et abiotiques.

Pourquoi les céréales jaunissent vite en avril 2022 en Bretagne ?

Des taches en lien avec de fortes amplitudes météorologiques

L’observation d’un jaunissement homogène soudain de plusieurs parcelles, localisé sur les feuilles du haut, doit faire penser à un stress non parasitaire. Les symptômes se caractérisent par des taches avec un halo jaune de formes diverses, qui peuvent aller jusqu’à des taches nécrotiques. Les jaunissements sont bien plus marqués sur les étages foliaires supérieurs. A contrario, pour les maladies comme la septoriose, l’évolution des taches progresse du bas vers le haut.

taches physiologiques localisées sur les feuilles du haut sur blé
Photos de taches physiologiques localisées sur les feuilles du haut sur blé à Ploërmel (56). Retrouvez d’autres exemples de taches physiologiques sur la fiche accident taches physiologiques.

Ces taches dites « physiologiques » sont dues à une alternance rapide et forte (en quelques heures) entre un temps couvert et froid, et un temps chaud avec de forts rayonnements. Le processus de photosynthèse va alors être perturbé et créer un stress oxydatif non contrôlé à l’origine de ces taches. Les feuilles du haut sont donc plus atteintes, en raison de leurs plus fortes expositions à la météo. Une sensibilité variétale et d’espèces de céréales peut être constatée et des stress hydriques ou des températures basses peuvent accentuer le phénomène.

Ces amplitudes ont été très présentes la semaine 13 (figure 1). À partir du 23-24 mars, les écarts entre les températures minimales et maximales de la journée ont été les plus importants depuis le début de campagne, et ceci, sur plusieurs journées consécutives.

Concernant les rayonnements (figure 2), ils sont proches des maximales des vingt dernières années sur la période de fin mars. La juxtaposition de températures fraîches le matin et élevées l’après-midi liées à ces forts rayonnements est source de taches physiologiques.

Figure 1 : Évolution des amplitudes thermiques à Ploërmel (56)
Evolution des amplitudes thermiques à Ploërmel (56)

Figure 2 : Évolution des rayonnements à Ploërmel (56)
Evolution des rayonnements à Ploërmel (56)

Dans tous les cas, cela n’engendre pas de dégâts sur la culture et aucune intervention n’est nécessaire. Les nouvelles feuilles déployées après ces amplitudes météorologiques ne présentent pas ces symptômes.

Bien distinguer les autres sources de stress

Les taches physiologiques présentes sur la partie haute des plantes peuvent s’associer à des jaunissements des vieilles feuilles du bas. Dans ce dernier cas, plusieurs causes d’origines biotiques ou abiotiques sont possibles.

Carence azotée

Les faibles précipitations depuis mi-mars ont pu limiter l’absorption des apports azotés récents, induisant une carence visible par un jaunissement des vieilles feuilles (base de la plante)

Consultez la fiche accident carence en azote (N).

Viroses

Des viroses peuvent être présentes, mais bien souvent en forme de foyers dans la parcelle (jaunisse nanisante de l’orge (JNO), pieds chétifs), avec un jaunissement des bouts de feuilles pouvant tendre vers le rouge lie-de-vin (JNO sur le blé). Peu observées pour cette campagne 2021/2022.

Consultez la fiche accident JNO.

Maladies

Cette année, l’oïdium est bien présent, généralement de manière peu intensive (cantonné en bas des plantes au niveau des tiges), mais parfois en forte intensité sur les variétés les plus sensibles (Memento en orge, KWS Ultim…). L’observation assidue permet d’identifier la maladie à partir des symptômes pouvant présenter des ponctuations vert brun après lessivage de l’oïdium par la pluie.

Consultez la fiche accident oïdium.

Dans certains secteurs, la rouille jaune est source de jaunissement, avec le plus souvent présence de foyers dans la parcelle et des taches alignées le long des nervures des feuilles.

Consultez la fiche accident rouille jaune.

Phytotoxicité

De mauvaises conditions d’application de régulateurs, azote liquide… sont sources de phytotoxicité, brûlures et jaunissements.

En cas de doute : utiliser la chambre humide

Si après avoir regardé la répartition des symptômes sur la plante et que des doutes persistent, une manière d’assurer son diagnostic est la chambre humide (ou le test de la bouteille). Il s’agit d’un moyen de confirmer si l’on a affaire à un stress abiotique (taches physiologiques, carence, phytotoxicité…) ou biotique (maladies).

Figure 3 : La chambre humide, un outil stratégique pour identifier des maladies
La chambre humide, un outil stratégique pour identifier des maladies

Après avoir placé les feuilles suspectes dans une bouteille en plastique vide, rajouter quelques gouttes d’eau, mettre la bouteille dans une pièce à température ambiante, attendre 24 à 48 h et le tour est joué !

Deux situations possibles :

  • Les tâches n’ont pas évolué (pas de nouvelles taches ni de grossissement) et l’on n’observe pas de fructifications fongiques => c’est un stress abiotique tel que des taches physiologiques sans importance.
  • Les tâches ont évolué et l’on observe à la loupe des fructifications fongiques à l’endroit des taches => la maladie foliaire est présente.

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