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Lorraine

Froid sur céréales : analyser le risque en fonction du stade

Du 17 au 26 avril, les thermomètres sont bien descendus dans la plaine, autour de 0°C localement. Les cultures de céréales pourraient en pâtir au niveau physiologique. Tout dépend du stade auquel le froid est survenu.

Parcelle d’orge d'hiver, variété Dementiel, semée le 25/09/2023 – 55230 (Meuse)

Dans notre région, des températures avoisinant les 0 à 2°C ont pu être enregistrées dans les stations météo sous abri (figure 1). A noter qu’en plein champ, les températures sont souvent inférieures.

Figure 1 : Températures journalières – campagne 2023-2024 - station météo de Metz-Augny (57)

Figure 1 : Températures journalières – campagne 2023-2024 - Metz-Augny (57)

A quel stade est intervenu le froid ?

Une fois la montée de l’épi dans la tige, le seuil de risque retenu est de -4°C, avec des dégâts variables selon la durée d’exposition au gel. Un stade présente cependant une sensibilité particulière au froid, au moment de la méiose pollinique : il s’agit de la (courte) phase pendant laquelle les grains de pollen se forment. Le seuil d’alerte est alors plus faible, avec un risque possible dès 4°C.

Le stade méiose s’observe :

  • quand le sommet du jeune épi touche la ligule de l'avant-dernière feuille (environ 10 jours avant l’épiaison) ;
  • la dernière feuille se trouve souvent autour de 80 % de son stade foliaire final : on parle de "ligule dans la ligule".
  • chez l'orge, cela coïncide avec les barbes visibles.

D’après le bulletin de Santé du Végétal du 24 avril, les 59 parcelles de blé observées dans le réseau Barrois-Lorraine sont principalement à 3 nœuds et dernière feuille pointante. Le stade méiose est estimé fin avril ou tout début mai.

En orge d’hiver, les 40 parcelles sont quant à elles majoritairement à dernière feuille pointante/étalée et jusqu’à début épiaison pour les plus avancées.

Le risque « froid méiose » est donc relativement faible au regard des stades actuels, si ce n’est sur les parcelles d’orge d’hiver les plus avancées. A noter que l’impact est souvent très localisé au sein des parcelles (fond de versant).

Tout stress physiologique à la méiose peut altérer sérieusement le rendement. En effet, c'est durant cette phase que la fertilité des épis se met en place. En cas de stérilité d'une proportion conséquente d'épis, la composante du rendement nombre de grains/plante est fortement réduite. Ces stress physiologiques peuvent être dus, entre autres, à un coup de froid ou un défaut de rayonnement. Ils compromettent l'alimentation en sucres des cellules des anthères, lieu de production du pollen. Les problèmes à la méiose se traduisent souvent par des symptômes caractéristiques au niveau de l’épi (dissymétries) visibles tardivement.

Eviter les stress supplémentaires

Il n’est pas possible, à l’échelle des parcelles de céréales, de protéger du froid, comme cela se fait en vignes ou en vergers. Par contre, il est important de ne pas rajouter des facteurs de stress supplémentaires ; ainsi, il est déconseillé d’appliquer des solutions phytosanitaires à effets phytotoxiques dans ces situations : herbicides, régulateurs, ou certains fongicides.

A l’inverse, bien qu’aucune donnée ne soit disponible à notre connaissance sur le sujet, il est très peu probable que l’application spécifique d’éléments fertilisants ou nutritionnels (type oligo-éléments, engrais foliaires, biostimulants) ait un rôle protecteur lors de ces épisodes de froid.

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