Fertilisation azotée des céréales : s’adapter à la diversité des stades

Des stades très différents selon les dates de semis

Les températures très douces favorisent un développement rapide des cultures. Les variétés de céréales les plus précoces, lorsqu’elles ont été semées en octobre, peuvent amorcer leur montaison : c’est le cas par exemple de Prestance pour des semis du 10-15 octobre dans nos essais.

Les semis tardifs bénéficient pleinement de cette douceur et compensent en partie le retard initial lié au décalage des dates de semis. Il est toutefois peu probable que ce retard soit totalement compensé.

Les premiers stades épi 1 cm pour les semis de fin novembre ne devraient pas être observés avant le 15 mars (tableau 1). D’après les prévisions actuelles, un léger refroidissement devrait survenir dans les 8-10 prochains jours, insuffisant toutefois pour inverser les tendances de précocité actuelles.

Tableau 1 : Prévisions des stades épi 1 cm selon la variété et la date de semis – station de Niort (79) – Données réelles jusqu’au 18/2/24 – prévisions 8 jours puis médiane

Des stades épi 1 cm plus précoces que la médiane.

Des impacts sur la conduite de la fertilisation azotée

Le rendement prévisionnel des semis tardifs est plus incertain : le décalage des stades entraîne un risque plus important d’exposition des cultures aux aléas climatiques de fin de cycle. Il sera prudent de garder la possibilité d’ajuster la fertilisation des parcelles en fonction des conditions de l’année. De plus, l’enracinement des parcelles tardives sera probablement moins efficace (moins profond et moins dense), ce qui pourra être aggravé par les excès d’eau dans les parcelles ou les zones de parcelle les plus humides.

L’évaluation des fournitures d’azote est également plus délicate : les fortes pluies ont lixivié une part importante des reliquats issus des cultures précédentes et de la minéralisation automnale. La douceur actuelle favorise en revanche la minéralisation. Les prévisions météorologiques s’orientent globalement vers un épisode pluvieux abondant en fin de semaine qui pourrait accentuer encore la lixiviation.

Enfin, les semis précoces bénéficient, en parcelles non hydromorphes, de conditions de croissance favorables. Malgré des stades probablement en avance, leurs besoins de fertilisation restent encore modérés. Apporter des quantités importantes d’azote précocement sur ces parcelles pourrait accroître le risque de verse favorisé par la douceur de février. Les apports réalisés avant les derniers épisodes de pluie ont été partiellement entraînés en profondeur sans subir de lixiviation irrémédiable pour le moment. Il faut toutefois être prudent et attendre les passages pluvieux annoncés comme abondants avant de renouveler un apport.

Comment adapter les apports d’azote ?

• Fractionner en évitant les apports supérieurs à 60-70 kg N/ha pour limiter les risques de mauvaise valorisation,
• Encadrer le stade épi 1 cm des semis tardifs,
• Modérer les apports sur les semis précoces (octobre) pour limiter le risque de verse.

Tableau 2 : Exemples de fractionnement

Quid de la fertilisation soufrée ?

Les apports de soufre réalisés avant l’épisode pluvieux du 5-10 février (carte 1) ont pu être en partie lixiviés en sols superficiels si les cumuls sur l’épisode ont dépassé 70-80 mm. Dans ces situations, il sera probablement prudent de renouveler un petit apport de soufre au stade épi 1 cm ou immédiatement après pour limiter le risque de carence en début de montaison.

Carte 1 : Somme de pluie entre le 7 et le 13 février 2024

Message rédigé par ARVALIS avec la contribution de : Florent BLAIS (COC) ; François DUPONT (CA 86) ; Alexis Moreau (CA 79) ; Anthony GALMOT (S&B) ; Bernard GOAVERT (Piveteau) ; Romain LANTIER (Coop Mansle) ; Nicolas BOURSIER (Soufflet) ; Alexia ROUSSELIERE (CA 16) ; Gwendal CHOLLET (CA 17) ; Gabrielle GALIPAUD (Isidore) ; François Thomas (Océalia) ; Sébastien CLAVE (Terre Atlantique)