vidéo - Des clôtures virtuelles testées sur la Digiferme de Saint-Hilaire
Pour automatiser le pâturage tournant, une technologie de clôtures virtuelles, développée par la société norvégienne NoFence, est évaluée depuis 2019 sur la Digiferme® de Saint-Hilaire-en-Woëvre (55). Les résultats d'essais montrent que cette innovation n'a pas d'impact négatif sur le comportement et la croissance des animaux.
Une barrière sonore remplace les barrières physiques
L’objectif de la technologie est que l’animal puisse se repérer non pas avec une barrière visuelle (clôture physique), mais sonore. Pour cela, un collier posé sur chaque animal est doté d’un capteur GPS localisant l’animal et d’une batterie solaire. L’éleveur utilise alors une application mobile pour définir le contour de la parcelle. Lorsqu’un animal s’approche trop près de cette limite, le collier émet des sons de plus en plus aigus pour prévenir l’animal. Si l’animal continue, il reçoit un stimulus électrique, mais de moindre intensité qu’une clôture électrique. S’il franchit la limite, le collier s’inactive et se réactive lorsque l’animal revient dans la zone. Il est donc nécessaire, par mesure de sécurité, de laisser les clôtures physiques au bord des routes, bois…
Ce type de technologie permettrait de mieux valoriser l’herbe au pâturage avec des dispositifs de pâturage tournant (déplacement des animaux de petits paddocks en petit paddocks régulièrement), sans perdre de temps pour déplacer les animaux et entretenir les clôtures.
Une méthodologie expérimentale originale
Les deux premières années d’essais ont permis de mettre en évidence que les animaux apprennent en moins d’une semaine le principe de la technologie. En 2021, il s’agissait d’acquérir de la référence sur l’impact de cette technologie sur la croissance des animaux et le bien-être animal
Pour ce faire, un lot de 10 génisses allaitantes est équipé de la technologie NoFence et un autre lot témoin reste sur les clôtures physiques. Pour chacun des lots, un pâturage tournant sur cinq parcelles de même taille et sur une même parcelle de prairie permanente a été réalisé. Pour le lot témoin, le passage d’une parcelle à l’autre s’effectue par déplacement des animaux par l’éleveur. Pour le lot NoFence, le déplacement des animaux se fait uniquement à partir de l’application mobile.
Pour évaluer le comportement des animaux, des caméras réalisant des time lapse (une photo toutes les 5 minutes) ont été positionnées sur chaque parcelle. Des capteurs d’activité (Sensehub) positionnés autour du cou des animaux ont également permis d’enregistrer des informations sur leur activité (rumination, ingestion…).
Une différence de comportement ou d’activité pourrait être le signe d’un mal-être de l’animal lié à la technologie.
Qu’en est-il de l’apprentissage des animaux ?
Les essais 2021 confirment une nouvelle fois le bon apprentissage de la technologie NoFence par les animaux. Au cours de l’expérimentation, des pics de sons et de stimulus électriques sont observés. Ces pics ne sont pas forcements liés à un changement de parcelle, mais potentiellement lié à d’autres facteurs externes.
En général, le ratio est de 1 stimulus électrique pour 30 à 40 sons émis. Les animaux ont donc bien compris le fonctionnement de la technologie en identifiant les limites à ne pas franchir par les sons graduels.
On constate également un comportement différent d’un individu à l’autre. Certains animaux sont très « aventuriers » et testent régulièrement les limites sonores, tandis que d’autres restent en retrait au centre de la zone.
Des résultats techniques et comportementaux probants
L’essai s’est déroulé du printemps jusque mi-juillet. Au cours de cette période, les animaux des deux lots ont été pesés à plusieurs reprises.
Pour un même type de pâturage (même surface, même type d’herbe…) la croissance des animaux équipés de la technologie Nofence est similaire aux témoins (figure 1). Cette technologie n’a donc pas d’impact négatif sur ce critère.
Concernant le comportement, les temps d’activité enregistrés par les capteurs SenseHub sont similaires entre les deux lots. Les photos prises par les caméras permettent d’identifier le temps passé par les animaux debout, couché, marchant ou en train de manger. Le comportement des animaux est identique entre les deux lots (figure 2).
Figure 1 : Performances de croissance à l’herbe (en Gain Moyen Quotidien) des deux lots de génisses charolaises de 1 à 2 ans – essai 2021 sur la Digiferme® de Saint-Hilaire-en-Woëvre (55)
Figure 2 : Comportement visuel (en % du temps moyen sur 14 heures) des deux lots de génisses charolaises de 1 à 2 ans – essai 2021 sur la Digiferme® de Saint-Hilaire-en-Woëvre (55)
Un modèle économique à construire
En conclusion, cette technologie apporte un confort et un gain de temps pour déplacer les animaux sans impact négatif sur la croissance ou le bien-être animal. Toutefois, le prix du collier, en plus de l’abonnement, est le principal frein actuel pour la démocratiser.
La société NoFence n’est pas encore établie en France, elle commence tout juste à prospecter le marché avec des fermes pilotes qui utilisent la technologie en routine comme un éleveur. Sa technologie est pour le moment bien présente en Norvège et en Angleterre. La société réfléchit à un modèle économique mieux adapté au marché français.
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