Comment ajuster la stratégie d'apport d'azote sur maïs au contexte 2022 ?
Pour tenir compte du prix des intrants dans la gestion de la fertilisation azotée du maïs, il faut d'abord estimer au mieux la dose totale d’azote à apporter pour l’optimum technique, via la méthode du bilan prévisionnel. Dans un second temps, cette dose sera modulée en fonction des cours de l’azote et du maïs pour s’approcher de l’optimum technico-économique.
Prendre en compte la valeur du reliquat dans le calcul de la dose totale
Les précipitations ont été plutôt faibles durant la période de drainage, limitant les pertes d’azote par lixiviation. Les valeurs de reliquat de sortie d’hiver (RSH) sont dans la moyenne, dans les sols plus ou moins profonds. Ainsi, et d’autant plus cette année, la mesure du reliquat est stratégique pour aller chercher des économies d’azote potentielles.
Cette valeur peut également permettre d’adapter sa stratégie de fractionnement d’azote : dans les situations où le RSH dépasse 50-60 kg N/ha sur 0-60 cm, un apport d’azote n’est pas utile avant le stade 6 feuilles du maïs (hormis fertilisation starter) ; il risque d’être perdu par volatilisation (si non incorporé) ou par organisation microbienne.
Faut-il ajuster la dsoe aux prix de l’azote et du maïs grain ?
Une fois que la dose d’azote totale à apporter est calculée pour viser un rendement potentiel, il est possible de la moduler en prenant en compte les cours de l’azote et du maïs. La figure 1, construite à partir de 108 essais courbes de réponse à l'azote conduits par ARVALIS, permet d'ajuster la dose prévisionnelle pour viser l’optimum technico-économique dans votre contexte en fonction du prix de vente attendu et du prix d’achat en € par unité d’azote.
Par exemple, pour un prix du maïs à 280 €/t et un prix de l’urée autour de 820-830 €/t (soit un prix moyen de l’unité d’azote à 1,8 €), il faut réduire la dose totale de 15 kg N/ha pour viser l’optimum technico-économique. En revanche, dans le contexte 2021 (160 € la tonne de maïs et 0,75 € l’unité d’azote), l’optimum technique correspond à l’optimum technico-économique.
Figure 1 : Dose d’azote (en kg N/ha) à retrancher à la dose d’azote optimale en fonction du prix du maïs et de l’unité d’azote
Optimisez la valorisation de l’azote
Comme tous les ans (et encore plus cette année), il conviendra d’actionner les différents leviers pour valoriser au mieux l’azote apporté. Pour rappel, les besoins en azote du maïs sont d’abord faibles en début de cycle. Ils vont s’accélérer à partir de 8-10 feuilles jusqu’à atteindre un maximum autour de la floraison, pour ensuite décroitre pendant la phase de remplissage du grain (figure 2).
Figure 2 : Evolution de la quantité d’azote absorbé par un maïs (en kg N/ha) en fonction des sommes de températures et de l’avancement des stades
Les résultats des nombreux essais permettent de discerner plusieurs stratégies gagnantes de fractionnement :
Si la dose totale est élevée :
- un apport à 3-4 feuilles (un tiers de la dose totale), solder avec un deuxième apport au stade 8-10 feuilles.
- un apport d’azote enfoui avant semis (33 à 50 % de la dose totale, car moins de risque de volatilisation), solder par un apport à 6-10 feuilles.
Si la dose totale est modérée :
- un unique apport peut être envisagé entre 5 et 9 feuilles (+7.6 q/ha par rapport à un apport unique au semis).
À cette période de l’année, il faudra aussi être vigilant sur les conditions d’apport des engrais azotés, quelle que soit la forme d’azote. Ne pas hésiter à enfouir les engrais quand cela sera possible (par le travail du sol avant le semis ou par binage ou injection localisée après le semis), de les apporter avant une pluie ou un tour d’irrigation et d’éviter au maximum les apports par temps chaud et sec ou venteux pour réduire les pertes par volatilisation ammoniacale. L’enfouissement de l’azote est fortement conseillé, surtout pour les formes les plus sensibles à la volatilisation comme l’urée (tableau 1).
Tableau 1 : Conseils d’applications des engrais azotés
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