Céréales : planifier les dernières interventions sur des parcelles à des stades très disparates
Dans un contexte où se côtoient des parcelles allant d’épi 1 cm à début épiaison, le bon positionnement des interventions est très complexe cette année. Il est important de programmer les passages en fonction du stade de chaque parcelle, ce qui complique l’organisation du travail dans une période où les créneaux sont restreints.
Des stades toujours en avance malgré l’excès d’eau
Les céréales présentent toujours une avance de huit à dix jours, quelle que soit la date de semis et ce, malgré les effets dépressifs de l’excès d’eau prolongé et les à-coups de températures. Les températures estivales de mi-avril ont conduit à une explosion de la végétation et à une progression très rapide des stades. Ainsi, les blés les plus précoces et les orges précoces ont commencé à épier. Les semis d’octobre se situent désormais entre dernière feuille pointante et épiaison ; la plupart étant au stade dernière feuille étalée. Les semis de fin novembre se situent autour de 2 nœuds - dernière feuille pointante.
Des situations très hétérogènes
La problématique majeure de l’année est de gérer l’hétérogénéité entre parcelles, mais aussi au sein des parcelles. On observe aujourd’hui des biomasses satisfaisantes voire excédentaires avec des céréales très avancées en stade dans les zones saines correctement implantées alors qu’elles sont très fortement pénalisées et retardées dans les mouillères.
Fertilisation azotée : le pilotage est plus que recommandé
Les apports de février – mars ont bénéficié d’une pluie largement suffisante pour permettre leur assimilation au sol.
- Pour les parcelles saines, bien implantées, ces apports ont été correctement valorisés. Elles sont actuellement bien alimentées en azote mais présentent des besoins soutenus du fait de la biomasse abondante. Dans ces situations, le pilotage à dernière feuille étalée conseille très souvent un dernier apport assez conséquent en fin de montaison afin d’accompagner la biomasse installée.
- Pour les parcelles ayant souffert de l’excès d’eau, l’efficacité des premiers apports a été réduite, avec des cultures mal enracinées et régulièrement asphyxiées. Le potentiel de rendement a dû être revu à la baisse, mais le pilotage de fin de montaison va probablement révéler des besoins dans ces situations, vu la mauvaise efficience de l’engrais et la moindre capacité des cultures à explorer le sol.
Le recours à un outil de pilotage pour ajuster le dernier apport est donc particulièrement important cette année. De même, la capacité à faire de la modulation intra-parcellaire est un plus indéniable, vu l’hétérogénéité marquée des parcelles.
La météo actuelle n’est toutefois pas optimale pour une valorisation immédiate de l’engrais, et les sols se dessèchent très rapidement en surface. Il est préférable de ne pas se précipiter pour solder la fertilisation azotée, sachant qu’on a jusqu’au stade épiaison pour le faire.
Si la dose conseillée est inférieure à 60 kg/ha, nous recommandons d’attendre l’annonce d’une pluie significative pour solder l’apport au plus tard au stade épiaison.
Pour une dose conseillée supérieure, on peut aussi prendre le parti de fractionner et d’apporter une première partie (la moitié de la dose environ) en conditions moins favorables en misant sur l’effet partiel des averses et de la rosée pour initier son assimilation, en espérant le retour de conditions plus propices d’ici l’épiaison pour solder l’apport.
Protection phytosanitaire : attention aux stades et aux conditions d’application !
L’avancée rapide des stades et leur hétérogénéité complique le positionnement des pulvérisations. Il convient d’être très vigilant quant aux stades des cultures. Pour les parcelles les plus précoces (stade dernière feuille étalée dépassé), il est déjà trop tard pour appliquer les régulateurs et les désherbages de rattrapage. Pour les parcelles en cours de montaison, surveiller l’avancée des stades pour ne pas se faire déborder.
La méïose, phase de la formation du pollen, est un stade particulièrement sensible pour les céréales. Pour le blé, il survient autour du stade dernière feuille ligulée, quand le sommet de l'épi touche la ligule de l'avant-dernière feuille. Pour les orges, ce stade correspond à la sortie des extrémités des barbes.
Durant cette étape, souvent très courte (1 à 2 jours), la culture est très sensible aux stress. En cas d’application phytosanitaire, il convient donc d’intervenir dans de bonnes conditions.
Attention aux mélanges ! Avec le retard dans les travaux, la tentation est grande de grouper les applications en un seul passage. Attention toutefois à la sélectivité des traitements : mélanger des produits de fonction différente accentue toujours le risque d’accident. Entre dernière feuille et épiaison, on évitera ces mélanges – notamment les associations herbicide-fongicides. En particulier, l’ajout de metsulfuron méthyl aux bouillies fongicides est risqué à ce stade sensible.
Figure 1 : Positionnement des périodes d’atteinte du stade méïose en 2024 pour la région d’Angers et selon les précocités variétales
Ce stade est très fugace (1-2 jours) mais sensible aux accidents agro-climatiques : températures mini < +3-4°C associées à un déficit de rayonnement, risque accru en cas d’application phytosanitaire concomitante.
Message rédigé par ARVALIS en concertation avec Agrial, CAPL, CAVAC, la Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire, Eureden, la coopérative d’Herbauges, les établissements Hautbois
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