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Lorraine

Céréales à paille : observer ses parcelles pour décider de leur conduite

Ce début de campagne est marqué par des excès d’eau, ayant eu des impacts sur la conduite des cultures : implantations difficiles, enracinements pénalisés, hydromorphie, jaunissement… La suite va dépendre de ses observations à la parcelle.

Parcelle de blé tendre en sortie d’hiver 2024 en Lorraine

La campagne 2023-2024 est marquée par des cumuls de pluies extrêmes depuis mi-octobre : plus de 400 mm en moyenne sur la région, largement au-dessus de la médiane pluriannuelle de 250 mm.

Figure 1 : Pluviométrie décadaire (mm) – De septembre 2023 au 8 février 2024 – Station de Metz (57)

    Figure 1 : Pluviométrie décadaire (mm) – De septembre 2023 au 8 février 2024 – Station de Metz (57)

    Les céréales peuvent localement présenter des jaunissements et flétrissements des feuilles pouvant s’expliquer par plusieurs facteurs :

    • Des levées et implantations affectées par des structures de semis pailleuses et grossières ;
    • Des excès d’eau entraînant un enracinement superficiel et de l’hydromorphie hivernale ;
    • Des désherbages tardifs réalisés parfois en conditions limitantes (excès d’eau ou fortes amplitudes thermiques).

    Cette succession de facteurs a stressé les plantes : il est possible d’observer localement dans les zones où l’excès d’eau s’est maintenu plusieurs jours - voire semaines - (mouillères, bords de parcelles), une perte de pieds. La question peut alors se poser de maintenir la culture en place ou de la retourner : la prise de décision se fait en fonction des observations et des comptages sur la parcelle.

    Retournement : arbitrer en fonction de la densité plantes et ou de la pression graminées

    En sols profonds, on considère, que 80 à 100 plantes/m² bien réparties constituent un seuil de maintien. Ce seuil tient compte des capacités de rattrapage des plantes (reprise du tallage, système racinaire en place et fonctionnel), mais aussi du surcoût engendré par le remplacement de la culture. Il n’assure toutefois pas l’atteinte d’un rendement maximum et reste à ajuster en fonction du contexte de chaque parcelle :

    • Si la parcelle présente une forte population d’adventices ou est sujet à une forte pression historique, la nuisibilité directe et indirecte sera telle que le remplacement de la culture est à envisager (ou sa valorisation en fourrage ou méthanisation avant épiaison). En effet, les conséquences d’une parcelle sale sont nombreuses : baisse du rendement (26 q/ha en moyenne sur du blé dans nos essais désherbage, essentiellement des graminées), augmentation du stock semencier, dégradation de l’état sanitaire de la parcelle et de la qualité de la récolte.
    • Si la culture est conservée, le désherbage doit être réfléchi : une parcelle clairsemée risque de se salir rapidement, mais appliquer un herbicide sur des plantes fragiles et dans des conditions encore froides peut accentuer les dégâts. A noter que les solutions de rattrapage utilisables au printemps, de mode d’action majoritaire ALS (groupe HRAC 2) et FOP/Den (groupe HRAC 1), sont très touchées par la « résistance » et présentent des efficacités insuffisantes. En orge d’hiver, aucune solution de rattrapage efficace n’existe sur ray-grass et vulpin (impasse technique).
      Le recours au désherbage mécanique, si les conditions météorologiques le permettent, est également à privilégier en binant. Pour être efficace, une opération de désherbage mécanique doit être suivie de un à quatre jours sans pluie, délai nécessaire pour que les adventices déracinées se dessèchent sans pouvoir repiquer. En Lorraine, les analyses fréquentielles du climat montrent que les créneaux en sortie d’hiver sont plus nombreux qu’à l’automne. Entre les stades épi 1 cm et 2 nœuds, en fréquentiel huit années sur dix, nous disposons de huit à dix jours pour biner en conditions favorables.
    • Si la structure du sol été dégradée lors des semis (pailleuses et grossières), les capacités de rattrapage seront limitées. Les fortes pluies ont été défavorables au développement du système racinaire qui se met en place principalement à l’automne et jusqu’au stade épi 1 cm. Ces enracinements superficiels fragiliseront de fait le fonctionnement des céréales jusqu’à la fin du cycle

    En cas de re-semis, choisir une culture adaptée

    En cas de retournement, si un désherbage a été réalisé, les cultures possibles seront plus ou moins limitées, en fonction des herbicides déjà utilisés (prendre en compte la rémanence : par exemple, trois mois après une application de Fosburi pour réimplanter un blé et cinq pour un maïs…). Dans certains cas, un travail du sol de type labour spécifique peut apporter de la souplesse dans ce choix (trois mois avec labour pour une orge de printemps). Dans le cas d’un retournement de parcelle d’orge d’hiver, il faudra s’assurer de l’absence de repiquage pour ne pas polluer l’orge de printemps brassicole.

    Quelle conduite tenir pour le premier apport d’azote ?

    La reprise de végétation des céréales s’amorce tout doucement avec une durée du jour encore limitante. Les températures douces et des sols à capacité au champ sont favorables à la minéralisation. Il est donc inutile de se précipiter sur le premier apport, ni de gonfler la dose de l’apport tallage au motif que la culture est mal implantée. Avant le stade épi 1 cm, les besoins des céréales sont faibles : en cas d’absence de mesure du reliquat, 30 à 40 kg d’azote en cours de tallage suffisent. Priorité au désherbage !

    En résumé 
    • Des développements des céréales affectés par différents facteurs de stress (défaut de structure, forte pluviométrie, phytotoxicité, hydromorphie…).
    • Des parcelles présentant de fortes infestations de vulpins et ou des densités de plantes insuffisantes, pouvant entraîner une décision de retournement, tout en étudiant les possibilités de cultures de remplacement.
    • Pas de précipitation pour le premier apport d’azote.

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