Céréales de printemps : peut-on envisager des semis très tardifs ?
Avec les pluies persistantes et les excès d’eau, l’accès aux parcelles de limons reste compromis, empêchant les semis de rattrapage de sortie d’hiver. Se pose alors la question de maintenir une céréale à paille de printemps ou de s’orienter plutôt vers une culture d’été. La réponse doit prendre en compte le besoin en paille ainsi que l’équilibre des rotations et de l’assolement.
Les pluies abondantes et régulières empêchent le ressuyage
Les cumuls de pluie depuis le début de l’année dépassent largement la médiane sur vingt ans et font suite à un automne très humide. Les sols sont saturés à chaque retour de pluie.
Carte 1 : Cumuls de pluie depuis le 1er janvier
Le potentiel des céréales en semis très tardif
La synthèse de nos essais régionaux donne une indication quant aux potentiels atteignables par différentes espèces pour des semis très tardifs (semis de mi-mars à début avril) dans des sols de limons hydromorphes (figure 1). L’orge de printemps offre des niveaux de productivité supérieurs aux autres céréales avec une perte de potentiel de 40 % par rapport à un semis de céréale à l’automne.
Figure 1 : Potentiel d’une céréale semée tard au printemps (mi-mars à début avril) en limon hydromorphe en pourcentage d’un semis d’automne de la même année
En semis de mars, dans un limon profond le potentiel des céréales reste proche de celui d’un pois protéagineux (figure 2). Dans un milieu moins favorable (limon hydromorphe moyennement profond), et en semis très tardif (début avril), le pois protéagineux de printemps peut prendre l’avantage (figure 3).
Figure 2 : Semis de printemps en limon profond (10/03/2000 à Saint Fort (53))
Figure 3 : Semis de printemps très tardif en milieu hydromorphe séchant (3/04/2013 à la Jaillière)
Des résultats techniques à compléter par une analyse économique
Compte tenu de ces potentiels atteignables, on peut se livrer à une analyse économique rapide pour évaluer l’intérêt de semer ou pas une céréale plutôt qu’une autre culture de printemps. Le tableau 1 a valeur d’exemple, les chiffres sont à ajuster en fonction du contexte de chacun.
Tableau 1 : Marges semi-directes potentielles par culture compte tenu des hypothèses de rendement accessible, de prix de vente et de charges associées à la production
Marge semi-directe = Chiffre d’affaires + aides couplées + aides découplées - intrants (engrais + semences + phytos + séchage) - Charges d’irrigation – charges de mécanisation.
L’intérêt de maintenir une céréale de printemps dans l’assolement repose aussi sur les besoins en paille. Le produit paille n’a pas été intégré dans les calculs ci-dessus. On peut estimer le potentiel de production en paille réduit de l’ordre de 40 % par rapport au rendement en paille de la même céréale semée en hiver, ce qui représente également une forte baisse des volumes récoltés à l’hectare (2 à 2,5 t/ha).
Au-delà de la marge par culture, il faut également intégrer l’équilibre de l’assolement, la diversification des cultures permettant de répartir les risques en cas d’accident climatique (forte sécheresse estivale par exemple) ou sanitaire.
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