Blé tendre : que faire en cas de rouille brune ?
Les conditions climatiques de ce début de campagne ont favorisé le développement précoce de rouille brune sur blé tendre dans certains secteurs. Quelle stratégie de lutte envisager en situation à risque
Le point sur la situation
La situation n’est pas alarmante. En effet, les signalements de pustules brunes orangées à la répartition aléatoires caractéristiques de la rouille brune sont loin d’être généralisés. Toutefois, tous les BSV indiquent plus de symptômes qu’habituellement alors que la majorité de la plaine atteint au moins le stade 2 nœuds, début de la période de sensibilité. L’observation de nos essais variétés vient corroborer ce constat.
- Localisation des signalements : en Auvergne, les symptômes semblent se concentrer dans l’Allier. Ils sont beaucoup plus ponctuels en Limagne. Des signalements sont faits dans l’Indre-et-Loir ainsi que dans le Loir-et-Cher, dans le Centre. Quant à l’Île-de-France, des observations ponctuelles ont eu lieu dans tous les départements.
- Les variétés touchées par des symptômes sont : Chevignon, Celebrity, Complice, SY admiration, Prestance, RGT Sacramento, LG Absalon, KWS Ultim et Pibrac. Sans surprise, il s’agit des variétés sensibles à moyennement résistantes (figure 1).
Figure 1 : Echelle de sensibilité variétale à la rouille brune
(source : ARVALIS)
A noter : diminution d’un point de la note par rapport à 2023 pour Intensity, Karoque, Arcachon, Pictavum, Shaun.
- Un effet déterminant de la date de semis : pour deux essais géographiquement proches, celui semé en novembre ne présente aucun symptôme, même sur variétés sensibles ; alors que, sur celui semé début octobre, certaines variétés présentent, sur 40 % des maîtres-brins, une ou deux pustules. D’ailleurs, la quasi-totalité des signalements concernent des parcelles semées précocement, sur la première quinzaine d’octobre avant l’arrivée des pluies. En effet, les blés semés tardivement sont généralement moins touchés car ils échappent aux premières contaminations.
Rien d’étonnant au vu des conditions climatiques de ces derniers mois
Tout d’abord, il faut savoir que la rouille brune se conservent sur les repousses de céréales. Or, les précipitations de juillet et août 2023 sur la région ont permis la mise en place de repousses. Ces repousses constituent ainsi un support à l’inoculum initial à l’automne.
Les automnes et hiver doux sont ensuite favorables au développement de cet inoculum. Les symptômes peuvent apparaitre très tôt (3 feuilles) en hiver sur les feuilles les plus âgées et constituer un inoculum de départ important pour le printemps. En effet, les spores, en présence d’eau libre, sont capables de germer entre 2 et 30°C (optimum à 20°C). Pendant l’automne et l’hiver 2006-2007, année marquée par une forte pression rouille brune, les sommes de températures entre le 1er novembre et le 31 mars ont été bien au-delà de la normale, tout comme l’ensemble de l’automne et de l’hiver 2024.
Les conditions sur ce début de printemps sont restées favorables :
- Températures douces, voire estivales ces derniers jours. La maladie se développe rapidement entre 15 et 25°C.
- Quant aux précipitations répétées de ces dernières semaines, elles ont été plus que suffisantes puisqu’une grosse rosée suffit à fournir l’eau libre nécessaire à la germination.
Il n’y a donc rien d’étonnant à modéliser un risque rouille brune plus important (figure 2) et à observer des symptômes précoces.
Figure 2 : Comparaison du risque rouille brune entre 2007, 2023 et 2024
Somme de Tmoy base 0 entre 01/11 et le 31/03, mise à jour le 26-03-2024
Recommandations en situation à risque
Il convient d’observer les parcelles à partir de 2 nœuds en priorisant les situations identifiées comme à risque : semis précoces et variétés notées 6 ou moins.
Etant donné le caractère explosif de la maladie, il est conseillé d’observer régulièrement ces parcelles et d’intervenir dès l’apparition des premières pustules sur l’une des trois dernières feuilles visibles (les trois feuilles supérieures déployées au moment de l’observation). L’idée est de mettre en place une lutte phytosanitaire préventive, ou tout du moins, au tout début de l’attaque car plus efficace qu’une lutte curative.
En cas de nécessité d’intervention, le recours à du metconazole ou du tébuconazole permettra également la gestion de la septoriose si elle s’avère nécessaire. Eviter le tébuconazole si un traitement à épiaison est prévu ou fortement probable. Du côté des strobilurines, l’azoxystrobine pourra également convenir pour gérer la rouille brune, par exemple en complément de produits tels que Sesto, le soufre et d’autres produits de biocontrôle.
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