Blé dur : un décalage entre les stades et la sortie des feuilles
Selon les observations, un phénomène de «
Une reprise de végétation tardive
Le climat depuis octobre n’a cessé d’être doux. Les températures ont toujours été supérieures aux médianes et le cumul de températures depuis les semis atteint la valeur maximale jamais observée ces vingt dernières années. Cela a un impact sur la végétation qui avance beaucoup plus vite que d’habitude mais également sur les stades concernés par un phénomène de déphasage entre croissance et développement, avec une feuille supplémentaire sur les blés durs (phénomène non observé sur les blés tendres).
Côté pluviométrie, la région est découpée en trois zones : une excédentaire à l’ouest, une normale centrée sur Toulouse (31) et une déficitaire à l’est. Les écarts se sont mis en place très tôt et continuent de se creuser avec des pluviométries toujours plus importantes à l’ouest qu’à l’est. Au final, le Gers cumule entre +20 et +70 % de pluie par rapport à la médiane ; le pourtour toulousain et l’Ariège sont proches de la médiane ; tandis que l’ouest audois oscille entre -20 et -40 % de pluie.
Carte 1 : Ecart à la pluie médiane (%) du 1er octobre 2023 au 2 avril 2024
⚠️ Stades : une feuille de plus
La douceur exceptionnelle de l’année permet aux cultures d’être en avance de quasiment une dizaine de jours par rapport à la normale. Cependant, malgré une impression de végétation très en avance en semis précoce, les blés durs le sont moins qu’ils n’en ont l’air. On observe de nouveau cette année un déphasage entre croissance (élongation et état du feuillage) et développement (succession des stades). L’automne doux est très probablement responsable de ce phénomène. Ainsi, on observe des parcelles qui paraissent être au stade dernière feuille pointante alors que la sortie de la F2 définitive (équivalent au stade 2 nœuds) est à peine observée sur les semis les plus précoces. Il y aura donc, encore une fois, un stade épiaison plus tardif en blé dur par rapport au blé tendre à date de semis équivalente, ce qui est rarement le cas en climat classique.
Figure 1 : Stades du blé dur et apparition des feuilles
Des stades à raisonner
Voici une illustration pour détecter les stades de la culture en se basant sur le comptage des feuilles restant à sortir.
A dernière feuille pointante, comme son nom l’indique, la dernière feuille est pointante (nommée F1p) : la plante n’a pas de feuille supplémentaire à émettre et toutes les autres feuilles sont visibles : F2, F3, F4, etc.
Au stade 2 nœuds, le stade présente un phyllhoterme plus précoce, donc une feuille plus précoce : la F2 est pointante. Et ainsi de suite sur les stades précédents.
En configuration normale, le stade épi 1 cm correspond à la F4 pointante. Ce qui n’est pas le cas cette année en blé dur.
Sur la figure 2, la F4 pointante a été observée le 1er mars, ce qui correspond normalement au stade épi 1 cm ; alors que la mesure à la règle du stade épi 1 cm a été mesurée le 9 février, soit un mois avant !
Figure 2 : Observation des tiges de blé dur - variété Anvergur semée le 13 octobre 2023 - Narbons (31) le 1er mars 2024
Mesure règle : épi 2,8 cm vs mesure feuille : F4 pointante
Ces observations ont été faites sur toutes les situations de la région pour les semis de fin octobre à novembre.
Globalement, le stade 2 nœuds est atteint dans la plupart des situations, hormis les semis de fin janvier et février.
Tableau 1 : Prévisions des stades du blé dur, en prenant en compte ces phénomènes, sur la station de En Crambade (31)
Attention dans les zones très touchées par des phénomènes d’hydromorphie au moment des semis ont des stades décalés.
Les parcelles semées entre fin octobre et début décembre et qui ont pu bénéficier d’un désherbage d’automne présentent dans l’ensemble une maîtrise irrégulière des mauvaises herbes et plus particulièrement du ray-grass. On constate la présence de folle avoine et dicotylédones (gaillet, renouées, repousses de tournesol et chardons).
Il est maintenant trop tard pour contrôler efficacement les ray-grass. Des rattrapages sont toujours possibles sur folle avoine, dicotylédones annuelles (gaillet , anthémis, coquelicot, ammi élevé, renouées, séneçon…) ou vivaces (chardons, rumex…).
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