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MEDITERRANÉE

Blé dur : ajuster le dernier apport d’azote au potentiel de rendement

Les potentiels de rendement en blé dur ont été simulés partout dans la Région en prenant en compte uniquement une entrée climatique. Ils permettent de piloter le dernier apport azoté.

Blé dur : ajuster le dernier apport d’azote au potentiel de rendement

Hormis sur l’ouest Hérault et l’est audois, la situation hydrique est préoccupante partout dans la région, voire critique à certains endroits. Les blés décrochent un peu partout sur des parcelles superficielles : des dégâts sont visibles dans le nord Gard, le Lubéron et les Bouches-du-Rhône.

Pour rappel, les symptômes caractéristiques de la sécheresse sont une croissance réduite de la plante, un port dressé des feuilles (très visible actuellement) et un jaunissement puis un dessèchement des vieilles feuilles à partir de la pointe (symptôme similaire au stress azoté). Les jeunes feuilles ont une taille et une largeur réduites.

Quel est le potentiel climatique à ce jour ?

Les potentiels de rendement ont été simulés (tableaux 1 et 2) avec le modèle régional Garric. Cette simulation est un indicateur mais n’est pas à prendre au pied de la lettre. Elle donne une idée de l’impact du climat. Plusieurs cas de figure ressortent en situation non irriguée :

  • Dans l’ouest de la région (Narbonne, Pézenas jusqu’à Mauguio) les potentiels sont à la hausse par rapport à la moyenne sur 10 ans : entre 10 et 20 % de plus selon le type de sol.
  • Dans le Gard, zone frontalière au niveau des précipitations cette année, il y a des pertes sur les sols les plus superficiels (15 % en moyenne) mais aucune perte sur les sols plus profonds. Des décrochages sont déjà visibles en condition superficielle.
  • Dans l’est de la région (dès qu’on passe le Rhône), les potentiels sont annoncés en baisse par rapport à la moyenne des 10 dernières années. Dans le secteur d’Orange-Bollène ils sont en baisse de 20 % sur les sols superficiels et de 10 % sur les sols plus profonds. En Camargue, le potentiel climatique estimé par Garric est de 20 % de moins sur sol profond. Sur des sols profonds avec présence de la nappe, l’impact est quasi nul.

Dans ces deux derniers secteurs, les blés sont pour l’instant visuellement jolis sur les parcelles profondes. S’il pleut la semaine prochaine, il devrait y avoir de jolis potentiels.

  • Dans le secteur d’Aix-en-Provence et le Lubéron : 40 % de perte sur sols superficiels, 20 % sur sols intermédiaires et 10 % sur sols profonds. Des décrochages sont déjà visibles.
  • Dans les Alpes de Haute-Provence (Gréoux-Les-Bains, Valensole), le froid cet hiver a ralenti la croissance : 15 % de perte sur sol superficiel, 10 % sur sol intermédiaire et, a priori, aucun impact sur sol profond. Pas de décrochage visible mais des symptômes commencent à apparaitre sur les parcelles les plus superficielles.

Tableau 1 : Potentiel de rendement du blé dur en condition non irriguée (simulation au 4 avril 2022 avec le modèle Garric)
Potentiel de rendement du blé dur en condition non irriguée

Tableau 2 : Potentiel de rendement du blé dur en condition irriguée (simulation au 4 avril avec le modèle Garric)
Potentiel de rendement du blé dur en condition irriguée

Comment gérer la fertilisation azotée en fonction du potentiel ?

En situations non irriguées, il faut absolument ré-évaluer l’apport fin montaison en fonction du potentiel que vous avez à ce jour et du nombre d’unités déjà apportées (tableau 3).

Tableau 3 : Dose d’azote à apporter en fonction du rendement espéré et de l’azote utilisable* (depuis le semis)
Dose d’azote à apporter en fonction du rendement espéré et de l’azote utilisable

(*)Azote utilisable = Tous vos apports depuis le semis (y compris en fond) + Reliquat (sur 60 cm).
Reliquat : si vous n’avez pas de mesure, comptez 60 u.


Exemple :

  • Reliquat mesuré = 40 unités
  • Apport 1 : 100 kg de 18-46 = 18 unités
  • Apport 2 : 150 kg d’urée = 69 unités

Azote utilisable = 127 u.
Si le rendement visé est 50 q/ha, il me reste 30 unités à apporter.

Si votre potentiel est plus faible que celui qui était prévu (parcelles superficielles, visuellement votre blé a décroché) et que vous avez déjà emmené l’ensemble des unités nécessaires, il n’y a plus rien à faire.

Si le dernier apport date toutefois de plusieurs semaines (avant la pluie du 11 mars, voire du 14 février), vous pouvez emmener 30 unités avant la prochaine pluie pour assurer la qualité.

S’il vous reste des unités à apporter malgré la baisse de rendement, référez-vous au tableau 3 en fonction du nouvel objectif fixé.

Pour rappel : l’apport azoté peut être réalisé jusqu’au stade début floraison (voire jusqu’à 6 jours après la floraison si une pluie conséquente a lieu).

Si votre potentiel semble être à la hausse (ouest de la région, blés qui ont bien tallé et densité de plantes correcte), il faut ré-évaluer la quantité à emmener à la hausse pour accompagner votre blé jusqu’à la fin (tableau 3).

Pour les parcelles où le potentiel semble être celui que vous vous êtes fixé, suivez votre programme de fertilisation et emmenez si besoin un dernier apport avant une prochaine pluie qui permettra de bien valoriser ce dernier apport (au moins 10-15 mm).

Et en situations irriguées ?

Sur les parcelles où il est possible d’irriguer, un premier tour d’eau va être réalisé dans les prochains jours en Vallée du Rhône et Camargue.

Dans le sud des Alpes de Haute-Provence, un 1er tour a généralement été réalisé il y a deux semaines (fin mars).

Sur les parcelles irriguées, le raisonnement est le même qu’en parcelle non irriguée, il faut moduler la dernière dose en fonction du potentiel aujourd’hui (tableau 2) et venir placer son apport d’azote avant une irrigation si aucune pluie n’est annoncée.

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